1. Stéphanie, la sculpteuse entrepreneuse

À la suite d’un burn-out dans la finance, Stéphanie Van Beneden tâte la matière en art-thérapie. « Je n’ai plus jamais arrêté depuis ce premier contact avec la terre », surprise elle-même du plaisir qu’elle prend à créer de ses mains céramiques, bougies, sculptures animalières. « Il faut être passionné, sans compter ses efforts pour réussir à vivre de son artisanat. J’ai la chance de pouvoir diversifier avec l’art, l’artisanat et les cours.» Tout en gérant toute seule production et démarchage, logistique et planning, compta et comm. « Un génie sans communication ou sans un découvreur de talent n’est rien aujourd’hui. » Stéphanie suit le programme de soutien aux indépendants Job your self et, dans la foulée, a créé au 22 de l’avenue Lepoutre une boutique collaborative (Meet & drinks, avec les nouveaux exposants le 6 octobre à partir de 17h) qui met en avant le travail d’artisans créateurs. « Les magasins qui prennent une commission de 40 % sont inaccessibles pour les artisans. Nous ne bénéficions pas d’économie d’échelle puisque nous produisons avec nos deux petites mains. Nos séries sont donc limitées et nos marges minimes.»

www.stephvanbe.be

2. Marie, la relookeuse de meubles

À l’Atelier Bé, rien ne se perd, tout se transforme ! Marie Busana, amoureuse des puces, fan de vintage, inconditionnelle du manuel, offre une deuxième vie aux meubles. Elle rafistole les commodes des temps d’avant, colore les consoles sixties et ravive les bois fatigués. Dans une autre vie, Marie était institutrice.
« J’avais envie de changement et surtout de dépenser mon énergie pour des résultats tangibles. » Parce qu’elle a toujours aimé chiner, elle apprend – peinture, bois, restauration de meubles – et complète par une formation à un logiciel de modélisation d’espace en 3D, grâce aux subsides de la Région bruxelloise. « L’artisanat a le vent en poupe, les gens cherchent la pièce unique. » Chaque semaine elle nourrit son site et sa page Instagram avec ses nouveaux meubles. « Les réseaux sociaux permettent de se faire connaître. Mais c’est un travail de longue haleine et d’imagination pour susciter la curiosité, l’envie d’acheter… J’adore faire des pop-up pour rencontrer les clients, et qu’ils puissent mettre un visage sur leur artisane ! » Le plus difficile ? « Le ponçage, long et éreintant ! Mais rien ne vaut le retour des clients ravis ! »

www.latelierbe.com

3. Joëlle, l’imagière publique

L’entrée est libre et l’ambiance conviviale à la boutique atelier Jopo. Au mur des gravures, ici un piano, partout une odeur d’encres, et au fond Joëlle Pontseel penchée sur une grande presse, « Je crée des dessins sur base de ce que les gens me racontent et ont envie de transmettre. » Elle écoute, note, crayonne, élabore son projet puis imprime à l’ancienne une image unique en linogravure. L’émotion passe par ses mains. Des crayons de couleur aux encres à papier, elle imprime le puzzle d’une vie. « Il faut savoir mettre l’ego de côté tout en gardant son style et sa patte, suivre la demande du client mais dans son style. » Pour sa communication, elle suit les conseils de son fils, mais la vitrine, rue Vanderkindere,
de cette marchande de bonheur est la meilleure publicité qui soit.

www.atelierjopo.com

4. Émilie, l’alchimiste

« Créer dans mon atelier, toucher, sentir et être au calme, c’est un retour à l’essentiel de mes vingt ans, que j’ai perdu dans la course folle de la performance ! » Émilie Somers jongle entre ses bijoux atypiques et le Kintsugi, l’art ancestral japonais de la réparation d’objets cassés qui magnifie les fêlures avec de l’or. « C’est en « travamusant » que le génie pourra peut- être s’exprimer. » Si l’artiste crée sans se référer à une technique spécifique, sa création étant sa signature, Émilie souligne que l’artisan crée, assemble, produit sans pour autant se fondre dans sa création. « Le top du top c’est être suffisamment impertinent pour transformer une technique d’artisan au service de son art ». Elle approuve ce retour au singulier et au local, teintés d’éthique. « La cerise sur le gâteau c’est d’innover et upcycler ! » Le plus difficile ? « La gymnastique mentale entre les projets et toujours cet équilibre d’agenda entre vie privée/vie pro » Les prix sont fixés en fonction du marché, des matières premières et de la rareté de l’objet. « Pas en fonction du taux horaire en tous les cas. »
www.emiliesomers.com

5. Marie, la circulaire

Pour créer sa collection de bijoux et d’accessoires vintage qu’elle assemble dans son atelier, Marie Le Lorrain récupère perles, breloques, médaillons et strass de la fin du siècle passé. Bien que le travail de l’artisan soit considéré comme essentiellement manuel, pour Marie, il est aussi intellectuel.
« Je réfléchis beaucoup à la circularité des tendances et des matières. Ce que je crée avec mes mains sort de ma tête. » Alors que le créateur peut déléguer la traduction manuelle de son idée, l’artisan assume le processus de A à Z. Le plus difficile est de « trouver l’équilibre entre « je dois vivre de mon travail et donc répondre à un marché » et rester cohérente dans ma démarche, en accord avec ce que je veux créer. Quel bonheur quand le bijou a pris forme, qu’il sort de mon esprit et de mes mains ! » Elle expose dans des magasins éphémères, et a rejoint différents collectifs et coopératives d’artisans et de créateurs. « Ça permet aussi d’échanger entre créateurs et artisans. »

www.marielelorrain.com

6. Annette et Jean-Manuel, le couple de cire

Parce qu’avant il était cuisinier, Jean-Manuel Farcy adore créer des bougies photophores décalées et originales – aux lentilles blanches ou avec des pâtes, par exemple. « Tout est entièrement fait à la main par Annette,
ma femme, et moi, la cire, les bougies photophores (des bougies à bougies), et les bougies parfumées. Nous remplissons aussi les anciennes bougies vides.
» Le métier, ils l’ont appris auprès d’un artisan cirier français à qui ils ont racheté l’activité pour créer il y a trois ans leur atelier.

« Le digital est aujourd’hui incontournable et Google en tant que moteur de recherche est fondamental. L’avis donné par les clients sur internet est une référence de qualité et donc de vente ! » Mais l’essentiel reste bien le contact humain à l’atelier. « Être authentique, prendre du temps avec les visiteurs, parler vrai et humain, montrer notre atelier et comment nous produisons ! Échanger sur la vraie vie et se rappeler que derrière le système et les réseaux sociaux, il y a des gens qui ont besoin de partager des expériences humaines ! » Le couple organise aussi des team building pour les entreprises « pour que chacun puisse redécouvrir ce qui se fait à la main. »
Leur plus grande force? « La résilience. Apprendre de ses erreurs, baisser la tête quand il le faut et rester fier du chemin déjà parcouru ! » Pour résister aux grosses machines commerciales, la recette est simple : « Faire autrement qu’eux, en revenant à des gestes ancestraux de bougies faites à la main comme il y a cent ans et en accueillant les gens avec bienveillance. »

www.lesartisansciriersbruxellois.be