L’action se déroule dans la ville fictive et dystopique de Night City située en Californie. Dans cet univers, le pouvoir est maintenant détenu par les méga corporations et les disparités entre les classes sociales n’ont jamais été aussi flagrantes et délétères. Mais la particularité de ce jeu est de dépeindre un univers où l’individu lambda est motivé par l’amélioration de son corps grâce à la technologie. On retrouvait déjà ce type d’univers futuriste dans un autre chef-d’œuvre, la série de jeux “Deus Ex”. Dans cette saga, le monde se divise en humains augmentés et humains naturels. Dans cette œuvre, les naturels finissent par exercer une forte discrimination sur les augmentés. Et selon un mécanisme malheureusement bien connu, la discrimination finit par se transformer en rejet, en racisme, en technophobie. Dans Deus Ex, les humains augmentés terminent dans des ghettos glauques et le personnage que l’on incarne aura bien du mal à les en faire sortir.

Transhumanisme: à fond les manettes

Ces deux jeux ont, outre certains mécanismes, le mérite de nous faire réfléchir sur un sujet qui va devenir de plus en plus d’actualité: le transhumanisme. Ce terme popularisé par Julian Huxley dans les années 50, désigne une philosophie prônant l’augmentation par la technologie des capacités physiques et mentales. Ces améliorations croîtraient dans la société jusqu’à un point de non retour appelé “singularité” dans la sémantique transhumaniste. Singularité qui devrait advenir dans un futur proche (entre dix et vingt ans) et qui ne serait que la première étape du processus de transformation complet de l’être humain devant mener au “post humanisme”, quand l’Humanité n’aura plus rien en commun avec ce que l’on a connu jusqu’ici.

Nous ne sommes plus ici dans l’imaginaire ou dans le fantasme puéril de nerds admirateurs de super-héros, puisque certaines entreprises, aux Etats-Unis (Google et Amazon) mais aussi en Chine et en Russie dépensent des milliards d’euros chaque année dans des recherches de pointe visant in fine à améliorer l’humain. Le médecin français Laurent Alexandre, fondateur du site Doctissimo, s’est fait le champion de cette pensée dans l’Hexagone et n’hésite pas à prédire la “mort de la Mort” dans les décennies qui viennent. Que l’on soit plutôt bio-conservateur ou progressiste, que l’on considère que le transhumanisme est une vaine chimère ou l’étape incontournable de notre évolution en tant qu’espèce, le sujet ne laisse pas indifférent et mérite débats et réflexions. En donnant une vision de ces futurs possibles, des œuvres comme “Cyberpunk 2077” et “Deus Ex” agissent comme un miroir, nous interrogeant sur nos craintes et nos espoirs.  

Sébastien Morgan