Fort-Jaco ? Pourquoi ce nom ? C’est une longue histoire, dans laquelle il y a bien un fort et un Jacques. Mais elle n’est pas si claire que ça.
Comme l’évoquait en septembre 1967 Ucclensia, la revue du Cercle d’histoire d’Uccle, il y a bien eu un fort et un Jaco dans ce quartier mais le lien entre les deux est discutable. Jaco, c’est Jacques (de) Pastur, né en 1659 à Braine-l’Alleud, « brigadier de Dragons au service de l’Espagne et qui finit sa carrière comme Maréchal de Camp de Louis XV, qui le fit chevalier de St Louis ». Le fort, c’était « un ouvrage militaire construit en 1705 lors de la guerre de la Succession d’Espagne ». Selon l’étude de cartes anciennes, le fort se trouvait sur le coin (nord) de l’avenue Pastur et de la chaussée de Waterloo. « Il s’agissait d’un fortin carré, en levées de terre, entouré de fossés, d’environ quarante mètres de côté, juste avant le léger coude que forme la chaussée dans la direction de la Petite Espinette, et sa situation était très judicieusement choisie : à cette époque, la forêt de Soignes s’étendait des deux côtés du « Walschen Wegh », nom donné alors à cette route ».
Une petite construction fortifiée en carré, c’est « une redoute ». Celle-ci, raconte Ucclensia, avait été décidée le 21 août 1705 par le général Prosper-Georges Verboom, chef d’Etat-Major de Maximilien de Bavière, nommé en 1692 par Charles II d’Espagne gouverneur des Pays-Bas, « en vue de protéger les alentours du Vivier d’Oie, où débouchait la route vers Boitsfort, Groenendael et La Hulpe, et par laquelle on craignait une attaque des troupes anglo-hollandaises. Cet ouvrage militaire devrait porter le nom de Redoute Verboom, comme il le fut lors de sa construction ». Verboom, que le roi d’Espagne fit marquis.
Démantèlement en 1820
Pourquoi alors « Fort-Jaco » ? « La redoute Verboom étant devenue sans emploi, il est probable que les troupes que Jacques Pastur avait levées pour la surveillance de la Forêt de Soignes utilisèrent le fortin comme abri ou lieu de rendez-vous, mais ce n’est qu’une supposition ». Par ailleurs, « il aurait existé près de la Grande Espinette (Cautershutte) un retranchement connu sous le nom de « Fort Jacobs » mais certainement avant 1700. Cet ouvrage disparut et il est très possible que les routiers, habitués à fréquenter le Walschen Wegh, aient donné le nom de « Jaco » à la Redoute Verboom, le nom de Jaco, enfant du pays, leur étant plus familier ».
Ce qui est certain, par contre, c’est que le fort, en tant que tel, subsista jusqu’en 1820, année où il fut démantelé sous l’appellation « fort Jaco ». Restée celle de tout le quartier bâti autour.