COMMERCES 

Véritable poumon commerçant d’Uccle, le centre change de visage avec les travaux de la chaussée d’Alsemberg mais aussi l’évolution de ses magasins. Même si certains restent nostalgiques des années les plus fastes, force est de constater que cette zone reste dynamique et que sa diversité contribue aussi à sa richesse.  

MARIE-EVE REBTS 

Avec près de 300 commerces, Uccle Centre est de loin le noyau commercial le plus dense de la commune. A lui seul, il rassemble près de 20% des surfaces commerciales d’Uccle. Certains considèrent d’ailleurs le centre comme un petit village où l’on peut vivre en autarcie, tant l’offre est vaste et variée. En se promenant entre la chaussée d’Alsemberg, le Parvis Saint-Pierre et le Globe, ce n’est pas seulement le nombre de commerces et d’établissements horeca qui saute aux yeux, mais aussi leur étonnante diversité. 


La chaussée d’Alsemberg
(c) DR

Alimentation, habillement, services, beauté, loisirs… On trouve un peu de tout et pour toutes les bourses. Certaines zones comme le bas de la chaussée d’Alsemberg sont en effet plus populaires, tandis que les alentours du Parvis présentent un aspect plus bourgeois qui est renforcé par la présence de commerces hauts de gamme. On observe cependant partout la même dimension cosmopolite des enseignes, et surtout une cohabitation assez inédite entre les grandes chaînes internationales et les commerces indépendants. Ce phénomène s’explique peut-être par l’ancienneté de l’activité commerciale d’Uccle centre. Comme on le lira par ailleurs dans ces pages, elle a commencé à se développer fortement dans les années 1920 et 1930, en même temps qu’Uccle devenait plus urbaine. Le centre a connu plusieurs périodes très florissantes pour le commerce, notamment dans les années 1970, mais aussi des moments de crise durant la Seconde guerre mondiale ou pendant les années 1980.  

Nouveau visage 

Aujourd’hui, Uccle Centre semble être à un nouveau tournant de son histoire commerciale. La chaussée d’Alsemberg sort en effet de deux années de travaux qui ont ralenti l’activité des commerçants et poussé certains propriétaires ou gérants de magasins à mettre en pause leurs projets. « Il y a près de chez moi des locaux vides qui devaient être remis en état mais le propriétaire a mis cette opération en suspens à cause des modifications apportées dans la rue », illustre un commerçant implanté sur la chaussée depuis plus de 20 ans. « La difficulté d’accès à Uccle pendant les travaux a également impacté la clientèle. Les clients qui venaient de Linkebeek ne font plus le déplacement et beaucoup de personnes se plaignent de la diminution des places de parking engendrée par les travaux. »  


La rue Xavier de Bue (c)- DR

Aujourd’hui, les commerçants restent inquiets par rapport aux futures possibilités de stationnement et espèrent que des solutions seront mises en place au niveau communal (lire aussi par ailleurs). Pour le reste, les usagers du quartier reconnaissent que ces travaux étaient nécessaires et contribueront à revaloriser la chaussée d’Alsemberg : « Ce chantier était attendu depuis plusieurs années, les riverains et chalands se plaignaient notamment des trottoirs étroits et cabossés », concède Aymeric Guyomarch, secrétaire de l’Union des Commerçants Uccle Centre (UCUC). « L’aménagement de plain-pied ainsi que le mobilier vont rendre l’endroit plus agréable et de manière globale, on peut espérer que ces travaux donnent une plus-value au quartier. Il y a en tout cas des commerces qui ne se seraient jamais implantés si ces rénovations n’avaient pas eu lieu. » 

Des signes encourageants 

Les deux années de chantier et la Covid-19 ont laissé des traces à Uccle Centre, où le nombre de commerces est par exemple passé de 317 en septembre 2020 à 293 un an plus tard. Cependant, Uccle Centre a mieux résisté à la crise sanitaire que d’autres zones commerciales car les habitants ont privilégié les achats près de chez eux. La chaussée d’Alsemberg et la rue Xavier Debue ont perdu au maximum 31 et 36% de fréquentation durant les confinements et elles ont retrouvé en juin 2021 un nombre de passants similaires à l’avant-crise. Le taux de vacance commerciale est quant à lui plutôt stable (9,90%) et reste inférieur à la moyenne régionale (14%). Aujourd’hui, le vide locatif qu’on enregistre dans le quartier est moins dû à un manque d’attrait qu’à l’inadéquation des locaux, dont beaucoup s’avèrent trop grands et trop coûteux par rapport aux besoins actuels. Comme le remarque le secrétaire de l’Association des Commerçants Uccle Centre, cela n’empêche toutefois pas de nouveaux magasins de s’installer : « Il y a quelques années, la situation était catastrophique à la rue du Postillon alors que désormais, on n’y trouve presque plus de surfaces vides. Une poissonnerie qui était fermée depuis plusieurs années vient de rouvrir à la chaussée d’Alsemberg, et diverses enseignes bien implantées dans Bruxelles ont prévu d’ouvrir de nouvelles adresses à Uccle Centre. » 

Ces dernières années, beaucoup de magasins bio et de commerces de bouche ont ouvert, ainsi que des snacks et boutiques plus populaires. Certains considèrent cela comme une régression et/ou une perte de qualité pour le quartier mais Aymeric Guyomarch n’est quant à lui pas nostalgique : « Uccle Centre est en train de renaître. Il sera sans doute différent et pas aussi opulent qu’avant, mais cette mixité contribue aussi à la vie et à la richesse des lieux. »