La gravure de Stroobant, écrit-il, nous ramène à l’époque où le comte Jacques Coghen y avait sa résidence. A l’avant-plan, chemine un chasseur, identifié comme un garde-chasse au service du comte Coghen. Il ne manque pas d’allure avec sa barbe et ses cheveux longs qui le font ressembler à Alfred de Musset; nous sommes toujours dans le bain romantique. Surveille-t-il les canards effrayés par son chien (donnant une belle animation au centre de l’image) ou cherche-t-il du regard la dame à l’ombrelle qui – dans le fond – s’approche du perron central? L’étang est au même endroit qu’actuellement. Mais que l’on ne s’y trompe pas, la pièce d’eau a été comblée pendant près d’un siècle! Elle disparut en 1911, à l’initiative de son propriétaire de l’époque, le baron Léon Janssen, répondant – selon certains – au souhait de son épouse, Caroline Bourgeois, qui se plaignait des moustiques. En 2004, la rénovation du parc entraîna le retour de l’étang, surtout pour limiter les effets des inondations fréquentes sur ce tronçon de la vallée de l’Ukkelbeek (là où l’avenue De Fré rencontre le square des Héros). 

Propriété communale depuis 100 ans

Des pelouses entourent la demeure; l’une à l’avant, descend vers l’étang, l’autre sur le côté (en haut à gauche) s’élève vers la statue d’une figure non identifiée et juchée sur un haut socle, présentée en fond de perspective. La sculpture a été enlevée, sans doute en même temps que les autres pièces d’art ornant le parc, lorsque le baron Janssen vendit ses biens à la commune d’Uccle, en 1921. A peu près au même endroit, sur une hauteur moins nette mais bien réelle, se dresse maintenant la belle œuvre de Frans Huygelen, un imposant bas-relief appelé “Allégorie du Printemps” conçu vers 1924 mais placé ici en 1953. L’administration communale a en effet agrémenté les lieux d’œuvres d’art diverses, de monuments commémoratifs, mais aussi de poteaux supportant les plaques indiquant les noms (d’artistes) attribués aux allées. Sur la gauche de la photo, on devine celle qui désigne, sous le nom d’allée Jacques Brel, le chemin, partiellement pavé, menant de l’entrée du parc à l’angle du château, suivant un tracé qui n’a visiblement pas bougé depuis 1850. En ce qui concerne la végétation, hormis la disparition du conifère qui occupe presque le centre de la gravure, la couronne d’arbres a gardé sa luxuriance (les deux illustrations représentent le site en belle saison), sauf du côté de la rue Rouge, aujourd’hui urbanisée. 

L'Ecole des Arts d'Uccle
L’aspect actuel du Château dans le parc de Wolvendael

Edgar P. Jacobs a fait du prestigieux château ucclois le repaire de l’ennemi invétéré de Blake et Mortimer: Olrik… 

Le château construit dans le style classique, selon toute vraisemblance en 1763, ne semble pas avoir subi de modifications depuis le temps de Coghen, si ce n’est de détails, comme le retrait des volets à l’étage ou l’apposition de pierres commémoratives à gauche, et d’un panneau (“Ecole d’Art d’Uccle”) au centre de la façade. Mais ce que ne montre pas la photo, c’est l’importante extension à sa droite, vers la rue Rouge, réalisée encore une fois par Léon Janssen, en 1911. La façade est passée de neuf travées initialement à onze actuellement, perdant ainsi sa symétrie classique. N’oublions pas les deux sphinx qui flanquent l’escalier du corps central malgré des restaurations pas toujours heureuses. Edgar P. Jacobs les a reproduits de manière inquiétante quand il a fait du prestigieux château ucclois le repaire de l’ennemi invétéré de Blake et Mortimer: Olrik. Facétie de l’Histoire, ces statues ne sont pas toujours restées au même endroit. Du temps du baron Janssen, elles avaient été déplacées dans le jardin à la française que celui-ci s’était ménagé à l’autre bout de la propriété; mais depuis lors elles ont recouvré leur place originale. Patrick Ameeuw

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Exposition “100 ans du Parc de Wolvendael”

Pour marquer le centenaire de l’acquisition du Parc de Wolvendael par la Commune d’Uccle, en partenariat avec le Cercle d’Histoire et d’Archéologie d’Uccle, le Service Culture vous propose de remonter le temps avec une exposition de photos et cartes postales anciennes des années 1920 qui retrace le passé de ce parc si emblématique et si cher au cœur des Ucclois.

Où? Sur les grilles du Parc de Wolvendael (entrée De Fré). Quand? À partir d’avril 2021.