L’afflux de réfugiés ukrainiens fuyant la guerre déclenchée par la Russie n’épargne pas Uccle. Les Ukrainiens de la commune s’activent pour héberger des compatriotes arrivé(e)s chez nous, forcés à l’exil. C’est le cas d’Alona, installée ici depuis des années.
Le 24 février à l’aube, le président russe, Vladimir Poutine, lançait une invasion militaire en Ukraine pour défendre les « républiques » séparatistes de l’Est dont il avait reconnu l’indépendance trois jours auparavant. L’offensive a suscité un tollé international, martyrisé l’Ukraine et contraint à l’exil des millions de civils. Le caractère massif et inédit de l’afflux des déplacés que cette guerre suscite constitue un défi sans précédent pour l’Europe. Pour la Belgique. Et pour Uccle, entre autres, où les Ukrainiens de la commune accueillent leurs proches chassés par « l’ours » Poutine.
Faisant preuve d’une solidarité exemplaire en Europe, en quelques jours, la Belgique a déjà permis la mise à disposition de 24 000 places d’accueil par les communes et les particuliers pour les déplacés. Le système est encore boiteux, mais la mobilisation est là. Au final, quelque 200 000 personnes, en majorité des femmes et des enfants (50 % des exilés) et des personnes âgées, pourraient ainsi se réfugier chez nous et bénéficier du statut européen de protection temporaire.
« Comme tout le monde, j’ai été prise de court »
Dans cette première vague de déplacés, une large majorité, ont des points de contact en Belgique, que ce soit de la famille ou des proches. Alona, Uccloise d’origine ukrainienne, installée en Belgique depuis de longues années, est aujourd’hui l’un de ces points de contact. Quand nous croisons par hasard, cette jeune et jolie maman dans le tram 92, la guerre en Ukraine a quelque jours à peine. Sur le revers de son manteau, Alona arbore farouchement un petit drapeau jaune et bleu cousu à la va-vite. Alona est constamment penchée, l’air anxieuse et épuisée, sur son GSM. Sous le choc, en colère et angoissée, elle rejoint avec Yesinia (son fils de 15 ans, Noah, est en cours) une manifestation spontanée au rond-point Schuman pour appeler à la paix en Ukraine, retrouver des compatriotes pour échanger les dernières nouvelles et trouver, si possible, un peu de réconfort au milieu de ce chaos.
Le jour précédent, un autre rassemblement organisé par le collectif des Ukrainiens de Belgique avait été prévu devant l’ambassade russe, située à Uccle, tout comme l’ambassade d’Ukraine. « Comme tout le monde, j’ai a été prise de court. Je suis très inquiète car je ne sais pas comment ça va se passer pour ma famille et pour l’Ukraine, raconte Alona. On est en contact permanent depuis des jours. Ma mère a déjà réussi à rejoindre Cologne. Mon père, mon jeune frère de 17 ans et ma petite sœur de 13 ans, leur mère et ma grand-mère vivent au pays, au sud de Kyiv, la capitale. Je ne veux pas que mon père aille se battre. Il me dit qu’il garde sa kalachnikov à portée de main au cas où ’’ils’’ arrivent. Plus tard, quand je lui ai demandé par sms comment il vit la situation, il m’a répondu : ’’D’abord, on a eu peur, ensuite on s’est dit qu’on en n’avait rien à f…, et puisqu’on n’en a rien à f.., on n’a plus peur.’’ C’est vrai que nous, les Ukrainiens, on en a vu d’autres et qu’on a déjà connu beaucoup de guerres. On a du courage et une capacité d’adaptation à revendre. »
Solidarité uccloise
Deux jours plus tard, alors que son père restait dans l’espoir que la guerre allait s’arrêter et ne souhaitait pas s’éloigner, les assauts de l’armée russe se sont intensifiés, Alona raconte qu’il l’ a appelée pour lui annoncer : « Il faut partir maintenant pour être en sécurité »,en parlant de sa plus jeune fille et de sa mère. « Elles doivent quitter le pays au plus vite et être en sécurité auprès de toi. » Alona explique : « Ma jeune sœur est encore une enfant, elle n’a que 13 ans, c’est la prunelle de ses yeux. Le problème, c’est que même si je suis installée dans le quartier du Fort Jaco, je n’ai que deux chambres que je partage, seule, avec mes deux enfants. C’est un peu la panique. J’ai déjà pris les premiers renseignements au CPAS d’Uccle mais ils m’ont répondu qu’il n’y avait pas de logement. »
Heureusement pour Alona, depuis l’attaque de la Russie en Ukraine, un élan de solidarité a également envahi les réseaux sociaux sur lesquels, il y a à peine quelques jours, elle a réussi à trouver une famille uccloise volontaire, parmi d’autres, pour accueillir chez elle sa jeune sœur et sa maman. Elles y sont désormais à l’abri et Alona a pu tenir sa promesse vis-à-vis de son père.
Durant les entretiens avec Alona – qui se déroulent parfois en néerlandais (Alona parle cinq langues) pour protéger la petite Yesinia de détails trop angoissants – l’enfant écoute, tout, attentivement, tout en dessinant, sa cocotte en papier : ici, un petit garçon en larmes et au cœur brisé… Comme si la guerre s’était installée, à son insu, dans sa jolie petite tête.
Pour l’instant, elle peut encore parler de temps en temps, par vidéo interposée, avec son papa qui, comme le père et le frère d’Alona, sont restés en Ukraine pour se battre.
COMMENT AIDER ?
Accueil des déplacés / Questions Réponses
Suite aux nombreux appels et demandes reçus concernant les réfugiés ukrainiens et l’envoi de dons, la Commune d’Uccle a mis en place une FAQ reprenant toutes les réponses à vos différentes questions. Retrouvez toutes les informations via : https://tinyurl.com/42wbbk73
On soutient !
Lyuba Karchapova et Maryna Yaroshevych, toutes deux uccloises, et respectivement, coordinatrice et co-fondatrice de la plateforme Promote Ukraine qui fournit et coordonne les aides humanitaires et militaires dans la guerre contre l’Ukraine avec le soutien de l’UE et de l’OTAN. Collecte de dons via leur page Facebook.
https://www.facebook.com/promoteukraine/
https://www.promoteukraine.org/
Ressource
L’ASBL uccloise ‘Tapom’ offre un atelier peinture pour des familles ukrainiennes ayant fui la guerre (gratuit). Connaissez-vous des familles arrivées à Uccle ? Si oui, mettez-les en contact si vous pensez que cette activité artistique et ressourçant pour enfants et parents peut les aider. Contact :