Les catégories

Il y a les étoilés, les huppés, les tendances, les nouveaux, les décalés, les classiques, les exotiques, les bons prix… La palette de restaurants ucclois est large. Revue des tables, non exhaustive mais éclairante. Et coups de cœur de quelques people d’Uccle.

Philippe Berkenbaum, Cilou de Bruyn et Thierry Fiorilli

Les gastronomiques 

Gastronomie, bistronomie raffinée, cuisine haut de gamme… Le pouvoir d’achat en moyenne plus élevé que dans d’autres communes bruxelloises autorise une certaine clientèle uccloise à se payer des additions plus salées. Ceci explique-t-il cela ? On trouve à Uccle et à ses frontières une belle brochette de restaurants gastronomiques, dont plusieurs étoilés. Citons les 2 macarons du Chalet de la Forêt – « l’un des meilleurs restaurants de Belgique », selon Carlo De Pascale – et de la Villa Lorraine – récemment reconquises par son nouveau chef, Yves Mattagne –, l’étoile du Pigeon Noir – qui « affiche des prix très abordables », selon René Sépul, celle perdue il y a quelques années par le Passage, qui reste pourtant salué par la critique (15,5/20 Gault&Millau)… et toutes ces tables qui ne prétendent pas aux lauriers institutionnels mais comptent parmi les meilleures du sud de Bruxelles : de Bouchery au Brugmann, en passant par la Branche d’Olivier (Bib gourmand), le Louis XVAmen, le Ventre Saint-Gris, les Petits Bouchons ou les Frères Romano. Des restaurants qui ne comptent d’ailleurs pas seulement sur une clientèle locale mais attirent un large public issu des communes voisines – et huppées – de la périphérie, comme Rhode-Saint-Genèse, Waterloo, Lasne, La Hulpe ou Rixensart. Voire de beaucoup plus loin. « Des gens qui, de plus en plus, privilégient Uccle au centre-ville tant ce dernier devient difficile d’accès et de stationnement », constate l’échevine Valentine Delwart.

Les tendance et avant-garde

Ce n’est pas la déferlante mais ça pousse bien, ici et là. Comme Spoons, ouvert il y a six mois, où tout est rose ou jaune, cosy, presque féminin, sain, toujours frais et délicieusement surprenant. On y mange des légumes « tout juste sortis des champs d’un fermier d’Overijse »  et mélangés aux pâtes grecques, couscous ou quinoa, juste de longues cuillères élégantes. Chez Met Plaizier, cantine écoresponsable très design et conviviale, le « jeune chef entrepreneur, Icacopo, prépare des plats variés, savoureux, locaux et frais de saison pour 10 euros ». Asado, ouvert le 21 juin, propose dans un décor assez brut à base de bois et de briques anciennes « une cuisine qui rassemble l’idée de partage et celle de cuisson, aussi bien pour les carnivores que pour les végétariens ». Soit des grillades de ce que les client(e)s choisissent sur la carte. Ouverte début octobre, Verdō fait dans les plats traditionnels revisités de telle façon à exclure toute souffrance animale de l’assiette et en réduisant l’impact environnemental de l’assiette. Du 100 % végétal avec un service feutré. De son côté, Poz’’, dans un décor romantique aux allures exotiques, avec des oiseaux peints sur les murs et de vrais arbres entre les tables, « propose une carte à la fois gourmande (pancakes) et healthy (toasty) ». Soit le brunch à toutes les sauces et pour tous les goûts.

Les institutions

Le Vieux Spijtigen Duivel, évidemment, ancien relais de poste converti en estaminet vers 1500 où Charles Quint, Baudelaire ou Victor Hugo se sont attablés. Le décor intérieur (en cours de rénovation) n’a pas pris une ride et la terrasse accueille facilement quarante personnes. Plats typiques et copieux de spécialités bruxelloises comme la carbonade, le vol-au-vent, le stoemp, les grillades, les moules, le chicons-gratin… Et « une soixantaine de bières spéciales ». Chez Clem, créée il y a plus de vingt ans par Clémentine, fille du fondateur de l’illustre Antoine de la place Jourdan, se targue d’être une friterie écoresponsable : frites fraîches du jour coupées à l’ancienne et cuites dans la graisse de bœuf changée tous les jours, sauces et croquettes aux crevettes faites maison, hot-dogs, fricadelles, boulettes, nuggets, brochettes de viandes fraîches (bœuf ou merguez) venant directement du boucher d’en face et « nouveaux produits végétariens cuits à l’huile végétale, comme les poissons mais dans des friteuses séparées ». De Hoef, l’enseigne de la famille Dubocquet depuis 70 ans, reste ce lieu chaleureux, avec ses deux feux, ses « viandes pour tous les goûts et principalement d’élevage belge et français du Limousin » et ses frites issues de « pommes de terre pleines de terre livrées tous les jeudis par le fermier, épluchées et coupées deux fois chaque matin ». Au Petit Pont, ancien relais de poste, dépôt de charbon, dancing dans les années 50 (avec La Cambuse des années 80, en dessous), on n’a pas touché à la décoration intérieure, de briques, bois et pierres réalisée par un ferronnier. « C’est ce qui fait l’âme du lieu, avec des pièces en fer forgé récupérées et chinées au fur et à mesure », lance Momo, aux manettes depuis 2018. La cuisine y est « bourgeoise, avec un petit côté raffiné, 7/7 jours pour une clientèle cossue mais hétéroclite. » Celle des Brasseries Georges (de style Belle Epoque, créées par Georges Neefs & Georges André et reprises en 2018 par la famille Blanchard), est variée et intergénérationnelle, plutôt business le midi et familiale en soirée. On y retrouve le plus grand choix de coquillages et crustacés, l’un des plus grands bancs d’Écailler de Belgique, et – la star de la maison – la croquette de crevettes grises, élue la meilleure de Bruxelles cette année. Enfin, Le Grillardin, plus de 32 ans de présence à Uccle et avec la même direction : spécialiste de la grillade, notamment sur bois. Un incontournable.

Les abordables/petits budgets

Tontons, qui selon Carlo De Pascale « mêle les codes de la cuisine italienne pour le meilleur avec cette belgicisation pour le meilleur aussi. Tu y vas pour manger un spaghetti bolo à la belge et pas des tagliatelles al ragu, mais Valérie a tellement bien réussi son coup que les Italiens du quartier s’y bousculent aussi. C’est pas cher pour très bien manger ». Le Refuge, que René Sépul résume en une « adresse sympa, avec belle terrasse, où tu peux déjeuner pour pas trop cher ». Tortue, bistrot/bar à vin de quartierdédié aux allergiques à l’eau, propose entrées (bœuf beau, soupe de vermicelles-porc-scampis, soupe de nouilles-canard/porc…) entre 10 et 13 euros et des plats (poulet pané, aubergine « porc », nouilles sautées au canard laqué…) de 16 à 19 euros. Le lunch de Ma Poule (entrée et plat à 19,50 euros) se veut solide et élégant (pomme de terre farcie au fromage de chèvre et lardons, rémoulade de céleri rave, velouté de butternut aux châtaignes, sauté de poulet au curry et riz sauvage, ravioles de riccota-basilic, poireaux au gratin…). Bon plan aussi : Le comptoir du 2e élément, un take away thai au plat du jour dès 10 euros et les grandes soupes pour 12.

Les terroirs et ethniques

Aux prix très variables, parfois même exagérés selon certain(e)s, mais à la qualité indiscutable, on retrouve Bois Savane, « très bon asiatique » dixit Eric Boschman qui pointe aussi Petit Suisse,« un vrai suisse authentique », Café Al Dente, « un excellent représentant de ce que j’appelle la cuisine italienne 2.0 », selon Carlo Di Pascale, Enfants du Pirée (« l’une des rares adresses où on peut encore aller manger tardivement en soirée, relève Valentine Delwart ; ils font le job »), Chez Hassan, tant pour ses tajines et couscous que pour son accueil, Chez Carlos, qui mixte cuisines colombienne et française, ou Bagheera, pour ses plats très fins (ceviche burrata, raviolis au homard…), son décor de jungle façon Belle Epoque et ses soirées folles. Bon tuyau encore : Tartes du Monde,où on emporte évidemment des tartes sucrées mais aussi des salées, avec sept types de pâte différents, portions individuelles possibles et selon des recettes qui, l’enseigne l’annonce clairement, viennent de tous les coins de la planète.