Sur Le Divan  

C’est comme un atavisme, le hockey, pour Jill, l’ex-capitaine des Red Panthers. Elle y est née, elle y a grandi, évolué, brillé. Elle en a rêvé, elle en a bavé, elle a tout donné. Elle a tout reçu, les honneurs, les médailles, les J.O. Même l’amour ! Et elle le rend bien. 

Déjà, c’est une histoire de famille. Fille et petite-fille de joueuses internationales, grande sœur du charismatique champion olympique Tom Boon, nièce du président de la fédération belge de hockey, Marc Coudron, elle n’a pas 5 ans qu’elle matche déjà avec les garçons en équipe, mixte encore à l’époque. Après un passage par un club hollandais hyperpro, elle décide à 22 ans de consacrer sa vie au stick de hockey. 302 sélections en équipe nationale, capitaine des Red Panthers, première hockeyeuse belge de l’histoire à inscrire un but lors de Jeux olympiques à Londres en 2012, médaille d’argent européenne en 2017 et mise à la retraite forcée de l’équipe nationale en 2019, trop vieille à 31 ans. Cette femme est une légende du hockey féminin belge. Mais la légende ne s’arrête pas au monde du sport, loin de là. 

Bien sûr, il y a tous les bons souvenirs du hockey, « le titre de championnes de Belgique avec le Wellington et mes amies qui sont toujours dans ma vie, la finale avec le Racing après une saison extraordinaire, les années avec les Red Panthers et notre qualification aux Jeux olympiques : faire partie de ce monde, rencontrer tous ces athlètes de partout, de toutes les tailles et gabarits, c’était quelque chose d’unique. » Et un challenge énorme, compte tenu de leur classement mondial à l’époque. 
Quelques ombres aussi dans ce monde-là, « notre non-qualification pour Tokyo et mon éviction ensuite ». Mais toujours ce positivisme et la foi en un avenir, forcément toujours meilleur.  
 
Alors elle est pleine de reconnaissance, Jill. « Je réalise que je suis une vraie privilégiée : j’ai eu la chance de pouvoir faire de ma passion mon métier et de vivre la vie que je voulais même si je venais d’une famille pas spécialement aisée. J’ai eu besoin de me rendre utile et de semer mes petites graines, comme le légendaire colibri. Le sport et le hockey m’ont tellement apporté quand j’étais plus jeune que je souhaite que tous les jeunes puissent y avoir accès et s’épanouir. » 


Jill Boon apprend aux filles à se battre. (c)DR

 
Parce que c’est une battante née, – « je suis extrêmement compétitive, que ce soit au hockey ou dans la vie en général » – Jill veut apprendre aux jeunes à se battre. Parce qu’elle est consciente de tout ce que le sport lui a appris, elle apprend aux filles à développer cet esprit de compétition qu’elles ont encore nettement moins que les garçons. « On répète encore trop souvent aux filles que c’est bien juste de participer. Il faut changer cela. Le sport pour moi a été une échappatoire quand ça n’allait pas trop, c’était une façon de m’exprimer, librement ! » Alors elle co-crée Sport2be, une asbl qui facilite l’insertion professionnelle par le sport, elle s’investit comme coach et collaboratrice chez Teamfullness. Alors, pendant le premier confinement elle lance Hockey Solidaire et sollicite le milieu du hockey pour récolter quelques tonnes de vivres qu’elle distribue notamment à l’Open Free Go d’Uccle.  

Elle est cash et efficace, Jill. Elle ne tourne pas autour du pot et va droit au but. Alors elle fait son coming-out en 2020 à la RTBF. « J’ai longtemps hésité, parce que c’était extrêmement intrusif, mais je me suis dit que si ça pouvait aider un.e jeune, on devait le faire. J’ai la chance d’avoir une famille et des amis où cela n’a pas posé de problème, mais l ‘homophobie reste malheureusement omniprésente, se faire accepter dans une société qui est très dure n’est pas toujours évident. La visibilité est primordiale pour induire des changements positifs. » Les mots justes pour beaucoup de retours positifs, de jeunes, mais aussi de parents, qui du coup ont ouvert la discussion avec leurs enfants. Elle rêve que l’homosexualité ne soit plus un sujet de conversation. « Si on en parle, c’est parce que cela reste une « différence » et tant qu’il faut en parler, j’en discute avec plaisir. Mais plus pour longtemps, je l’espère vraiment. » 

L’amour est son moteur, d’ailleurs : « C’est ce qui m’anime. Et qu’on ne peut pas juger. » Depuis près de 10 ans, Jill Boon est en couple avec Linda Haussener, son équipière. « Je pense qu’on est un couple normal. On est très différentes, et complémentaires. »Les enfants ? « On a la chance que cela soit assez facile en Belgique, c’est un projet pour bientôt. »  Profondément féministe, les inégalités et les violences faites aux femmes la révoltent, mais « je pense que ce combat ne peut se gagner qu’avec les hommes : l’union fait la force », rajoute cette grande fan de l’Union Saint-Gilloise. Le sport est le reflet de la société, aussi, certains versent encore dans l’idée que les sports féminins sont moins captivants, sans doute justement à cause du manque de visibilité et faute de moyens. Alors que c’est juste différent, et tout aussi intense : « Le public est prêt et n’attend que ça. Je suis persuadée que c’est très intéressant pour les sponsors, car avec moins de budget, ils auraient une très belle visibilité. » 

Parfois, la panthère prend appui sur ses doutes pour réaliser ce qu’elle peut changer et mieux bondir, mais toujours « induire le respect de l’autre, et partager si on en a les moyens. » Jill Boon aime les différences, elle aime surtout les réunir. « C’est pour moi une énorme richesse.”» Ce que confirme Aisling D’Hooghe, ex-collègue et keeper des Red Panthers : « Je connais peu de gens qui pensent autant aux autres : Jill offre et partage tout ce qu’elle a avec ceux qui ont moins. » 

L’Uccle de Jill  

 
Le – 

Le manque de pistes cyclables. “Quand même quelques beaux tronçons !” 
 

Le + 

L’omniprésence du hockey. Elle a joué 12 ans au Wellington, et terminera sa carrière au Racing ! 
 

Le resto 

L’italien Spaghetti – le meilleur bolo du monde ! 

386 ch. de Saint-Job; 02/375.47.04 

Le bar 

L’Amère à boire, pour ses 150 bières spéciales. 

1008 ch. d’Alsemberg ; 0470/11.06.06 

La terrasse 

Celle du Racing, bien sûr. 
125, av des Chênes ; 02/374.41.81  
 

Le message 

Donnez un coup de main à l’Open Free Go

1065 ch. d’Alsemberg ; 02/368.48.17