Depuis plusieurs années, le standard (presque) passif est devenu la norme pour toutes les nouvelles constructions à Bruxelles. Cela ne changera pas en 2023, par contre il y a du nouveau en ce qui concerne les rénovations. Désormais, la consommation d’énergie primaire (CEP) sera en effet prise en compte lors des rénovations lourdes. Cela signifie concrètement qu’après les travaux, les habitations concernées devront atteindre une consommation équivalente au niveau C du certificat PEB (soit 150kWh/ m2/an maximum). « On parle de rénovation lourde lorsqu’on intervient sur une grande surface du bâtiment, qu’on modifie beaucoup de parois et/ou qu’il y a d’importants agrandissements », précise Christian Bayet, Administrateur d’Ariade, cabinet d’architecture et bureau d’études/conseil en performance énergétique et environnementale. « Évidemment, cette obligation d’atteindre un certain niveau de consommation d’énergie primaire va compliquer un peu la donne. Mais elle permettra d’avoir une vision complète de l’habitation (y compris ses systèmes de chauffage, production d’eau chaude, etc), alors qu’auparavant les exigences se limitaient à l’isolation et la ventilation. »
Atteindre un PEB équivalent à C (ou mieux) après une rénovation lourde permettra aux propriétaires de minimiser leurs besoins en énergie primaire, mais aussi de réduire leurs émissions de CO2 et de s’aligner sur les objectifs régionaux. L’ambition de Bruxelles-capitale est en effet que son parc immobilier atteigne un PEB C moyen à l’horizon 2050. Pour ce faire, les exigences risquent de se durcir :
« Un gros changement est déjà intervenu fin 2022 avec le blocage de l’indexation des loyers des logements les plus énergivores (ndlr : PEB F ou G), et cette mesure va a priori se pérenniser », souligne Christian Bayet. « À l’avenir, le certificat PEB deviendra certainement nécessaire pour tous les bâtiments, et plus seulement en cas de mise en vente ou en location. Les autorités disposeront ainsi d’une vision complète du parc immobilier et cela permettra d’instaurer des exigences pour que les passoires énergétiques soient mises à niveau. » Un dispositif de ce genre vient justement d’entrer en vigueur début d’année en Flandre. Il oblige les nouveaux propriétaires de logements classés E ou F sur l’échelle PEB à les rénover dans les 5 ans pour atteindre au minimum un label PEB D.
« La première chose à laquelle on pense est la réduction des factures d’énergie, mais le gain en confort est également très important »
Quelques éclaircies dans le secteur du bâtiment
L’efficience énergétique des bâtiments s’impose de plus en plus comme une nécessité légale et environnementale, mais elle profite aussi aux habitants. « La première chose à laquelle on pense est la réduction des factures d’énergie, mais le gain en confort est également très important », fait remarquer l’Administrateur d’Ariade. « Une bonne rénovation permet par exemple de bénéficier d’un air plus sain, de supprimer les problèmes de condensation et d’obtenir un meilleur confort thermique. »
Hélas, pour ceux qui souhaitent construire ou rénover en 2023, le contexte n’est pas des plus simples. Le secteur du bâtiment est en effet affecté depuis plusieurs mois
par l’inflation, la crise énergétique ou encore certaines pénuries de main d’œuvre et de matériaux. Cela se répercute inévitablement sur les coûts : d’après les observations de Christian Bayet, la facture globale des projets a augmenté d’environ 20 % entre début 2022 et début 2023. Cette inflation sur les coûts de construction et de rénovation devrait se poursuivre cette année, notamment car l’indexation des salaires des travailleurs est toujours en cours dans le secteur. Les prix de certains matériaux n’ont également pas fini de flamber : « Il existe des panneaux de façade, des tuiles etc qui sont fortement dépendants de processus de cuisson, donc le prix de l’énergie a une influence directe sur leurs prix. Hélas, même si les tarifs de l’énergie se calment, les coûts de ces matériaux ne redescendent pas car la demande reste élevée.
C’est notamment le cas pour l’acier, les structures métalliques,… ». Heureusement, il y a de bonnes nouvelles : la pénurie d’isolants s’apaise et, après une forte hausse, le bois est revenu à des prix plus normaux. L’inflation sur le marché des matériaux rend par ailleurs les produits durables plus concurrentiels d’un point de vue financier car leurs tarifs
ont globalement moins augmenté ces derniers mois. Enfin, après une période particulièrement compliquée, les délais d’exécution devraient s’accélérer : « Il y a six mois, il était très compliqué de trouver un entrepreneur car le Covid a poussé beaucoup de personnes à faire réaliser des travaux dans leurs bâtiments. Maintenant, avec l’augmentation des prix, les gens hésitent à se lancer dans ce genre d’investissement donc les carnets de commandes des entrepreneurs sont moins remplis », remarque Christian Bayet.