Sécurité et qualité de vie

Parce que la société évolue, parce que la criminalité évolue, parce que l’image des policiers fluctue, plusieurs projets sont mis en place ou à l’étude à Uccle pour rapprocher police et citoyens. En voici l’éventail.

A l’automne dernier, le premier Partenariat Local de Prévention (PLP) à Uccle a été créé. Dans le quartier du Bosveldweg. Ce partenariat entre policiers, citoyens (riverains comme commerçants) et autorités communales vise à « améliorer la communication dans la lutte et la prévention de la criminalité au sein d’un quartier déterminé ». Il symbolise aussi une volonté de rapprocher services policiers et population uccloise.

Pour le bourgmestre Boris Dilliès, « c’est le genre d’outil intéressant, même s’il faut le manier avec précaution, l’encadrer, le baliser. Intéressant parce que travailler de manière préventive est essentiel. Et ça contribue à resserrer les liens avec la police. Vous avez des initiatives qui se prennent dans certains quartiers, avec un groupe WhatsApp crée par les gens, pour se rassurer, s’informer sur ce qu’il se passe dans le quartier, autant qu’il y ait un lien directement avec un policier, un professionnel de la sécurité, pour prévenir un certain nombre ou un certain type d’agissements, puisque la police ne peut pas être partout tout le temps. Ou couper court aux rumeurs. On est par ailleurs une des rares communes où la police vient à chaque réunion, chaque assemblée générale des commerçants et des comités de quartier. Ça contribue aussi à créer du lien. »


(c)Caroline Lessire

Chef de corps depuis 2006 de la zone de police Uccle/Auderghem/Watermael-Boitsfort, Michel Deraemaeker dit voir le PLP « d’un bon œil, d’autant plus avec les nouveaux outils de communications. Si quelque chose a trait à la sécurité dans tel quartier, c’est important qu’on le sache, qu’on donne les bons conseils, les bonnes informations, qu’on prenne des mesures si ça s’impose. » Laurent Masset, porte-parole de la zone, rappelle que « la police est un des derniers services accessible 7 jours sur 7 et 24h24, donc l’accessibilité est primordiale. Les gens veulent une réponse à un problème qui se pose maintenant. Un PLP, c’est ça aussi : accompagner le citoyen, l’écouter. »

Ce lien police-citoyen semble une priorité pour la commune et le management de la zone. Comme un fil rouge de toutes les décisions, toutes les mesures, toutes les actions. Passage en revue.

Michel Deraemaeker (c)Caroline Lessire

La présence policière

« On a 534 collaborateurs, détaille Michel Deraemaeker. On remplit le cadre, d’année en année. Pour Uccle, jour et nuit, on a minimum quatre patrouilles d’intervention qui circulent. Plus les motards, les équipes à pied, la brigade canine, vingt agents de quartier, la brigade cycliste (9 ’bikers’, en orange), la patrouille flagrants délits et la recherche locale (équipe banalisée). Tous dirigés par le dispatching local qui a aussi une vue sur les caméras. En moyenne, une trentaine d’agents, au moins, sont tout le temps sur le terrain. »

La visibilité policière

« L’objectif est que nos policiers soient rassurants et visibles, explique le chef de corps. C’est pour ça qu’on travaille par projets : fin d’année dernière, on a par exemple augmenté les patrouilles pédestres dans les endroits commerçants, en distribuant aux passants une explication de la présence de ces patrouilles. On a un site web, un compte Facebook, on est sur Instagram, pour rendre notre travail plus visible. Ce que font les bikers entre aussi dans cette visibilité, avec leur uniforme orange. En 2022, tous les gilets pare-balles le seront aussi. Et nos véhicules plus visibles. »  C’est que, argumente Laurent Masset, « les réseaux sociaux ont modifié les perceptions. Parfois, un seul cambriolage, dans une seule rue, suffit pour qu’on en fasse un phénomène général. On y répond en étant plus présent dans le quartier, plus visible aussi : parce qu’une police qui passe et n’est pas visible, c’est comme si elle ne passait pas. Ça demande aussi de renforcer les liens avec les jeunes. On travaille notamment sur plusieurs projets avec les écoles, dès les maternelles. Les jeunes ont besoin eux aussi d’infos puisqu’il y a ces phénomènes de sextorsion, de revenge porn, de harcèlements sur les réseaux sociaux… Ils ont besoin d’une approche directe avec un policier. On doit formaliser tout ça dans un plan d’action police-jeunes. »

Un régisseur au Melkriek et à Homborch

« Ce qui fait le succès des résultats de la police à Uccle, expose Boris Dilliès, c’est qu’on ne laisse pas les choses aller mais avec une approche qui diffère selon les quartiers puisque la sociologie et la délinquance y sont différentes. Dans cette approche, on a beaucoup travaillé sur le Melkriek notamment : le chef de corps y a nommé un régisseur de la police, qui a pour vocation d’assurer un suivi particulier sur l’ensemble des problématiques du quartier et d’y assurer encore plus de coordination, en termes de prévention. » Michel Deraemaeker sait en effet que « les problématiques de quartier exigent parfois une approche multidisciplinaire : pas uniquement policière. C’est pour ça qu’on a démarré, en octobre dernier, ce projet de régisseur, au Melkriek et à Homborch. Pour travailler avec les jeunes, renforcer les relations police-citoyens, aller à la rencontre de la population et des responsables des logements sociaux, etc. » Précisions de Laurent Masset : « Dans un quartier, l‘insécurité est multifactorielle et les gens n’ont pas accès à la police de la même façon qu’ailleurs. Le régisseur va identifier ce genre de réalités et de problèmes. Si des gens vous disent que ‘‘c’est l’insécurité permanente dans mon quartier, plus rien ne va’’, il faut l’entendre mais il faut surtout comprendre de quoi il s’agit précisément. Pour pouvoir y répondre. »

Premières évaluations courant de cette année.

La sécurité routière

Elle est l’une des priorités du plan zonal de sécurité 2020-2025, rédigé sur la base de ce que Michel Deraemaeker appelle « un monitoring de la société en quelque sorte : ce à quoi les citoyens attachent plus d’importance. On mise beaucoup sur la vitesse pratiquée dans les rues, avec deux radars, deux Lidar aussi, ces gros blocs flash mobiles. On donne en outre la possibilité au citoyen d’être un peu régisseur de la sécurité, avec le projet d’action ‘‘On flashe aussi dans ma rue’’ : il peut demander des contrôles dans sa rue, les données lui sont ensuite communiquées, comme à la commune. Si on constate qu’il y a un réel problème de vitesse, on décide des mesures ».

(c)Caroline Lessire

Les vols de vélos

« Avant, expose Laurent Masset, un vol de vélo n’était pas considéré comme très grave. Maintenant, un vélo peut coûter des milliers d’euros. Et c’est parfois votre seul moyen de transport. Donc nous devons apporter des réponses. On a mis en place une task force vol de vélos, en collaboration avec les autres zones et la Région. Ça consiste notamment à identifier les propriétaires de vélos volés, qu’on retrouve beaucoup. »

L’adaptation à la société

« La criminalité évolue, les missions de la police évoluent en fonction, résume Boris Dilliès. Elles sont du coup de plus en plus vastes. Prenons la gestion de la pandémie, avec des mesures difficiles à faire accepter par la population : on ne rentre pas dans la police en imaginant devoir expliquer aux gens le respect d’un couvre-feu… Or il n’y a pas eu un seul incident. Ça a été géré avec pragmatisme et bon sens. » Laurent Masset opine : « Quand j’ai commencé, en 2005, il y avait 70 vols à main armée dans les commerce d’Uccle par an. Aujourd’hui, on en compte moins de 10… La cybercriminalité incarne ce déplacement de la criminalité, du réel vers le virtuel. Il y a peu, il y avait quelques plaintes ; aujourd’hui on en est à trois chaque jour. C’est énorme. On doit accueillir, mettre en place des dispositifs pour déposer plainte. Ce qu’on a fait, en ligne. »

« Les policiers sont formés, poursuit Michel Deraemaeker, la cybercriminalité étant très spécifique. De la même façon, on a créé une formation (de cinq jours) pour les violences intrafamiliales, pour être à la hauteur ; pareil pour les violences sexuelles, pour l’accompagnement, la façon de recueillir les plaintes. Cette année, on devrait envoyer l’équipe au Centre bruxellois de prise en charge des violences sexuelles. On a créé une cellule bien-être animal aussi. Et, en matière de diversité, on a commencé un plan début 2021. Un plan, c’est un long trajet : inviter les collaborateurs à y participer, savoir comment ils voient les choses, fixer les objectifs, décider des mesures. Il sera terminé courant 2022. Autre groupe sur lequel on travaille : les seniors. Une personne âgée ne va pas se déplacer au commissariat, donc le bureau d’aide aux victimes prend d’office contact ou se déplace. »

Les bodycams

« Dossier emblématique, concède le chef de corps. Il faut informer le policier : pourquoi porter la caméra, quand filmer, comment ? Il faut qu’il suive une formation. Il faut négocier avec les syndicats. Pour l’instant, le policier doit être volontaire et décide lui-même quand il filme ou pas. La prochaine étape, cette année, c’est le port obligatoire mais avec le droit de décider d’enclencher ou non. C’est progressif.  On était la première zone à Bruxelles à en avoir. Près de 150 policiers ont suivi la formation et sont à même de la porter dans la rue. »

  • Evaluation tous les six mois. 

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