Si, pour la plupart, elles ne cherchent pas forcément à organiser leur vie sociale en compagnie de leurs compatriotes, mais préfèrent mixer les nationalités, les Françaises d’Uccle aiment dénicher dans la commune des produits et des articles typiquement français. « Les commerces de bouche sont drôlement bien représentés à Uccle », note admirative Éveline P., peut-être en référence au coulommiers bien coulant du Fromageon, ou aux plateaux de fromages finement composés chez Julien Hazard, tous deux rue Vanderkindere. Serait-ce pour le pâté en croûte à la mousse de canard, dit Richelieu, des Garçons Bouchers du Dieweg ? Les entrecôtes de La Moutonnerie rue Xavier de Bue, ou les conseils œnologiques avertis du caviste 20vins ? Ou, même, Carrefour pour la crème de marrons et la meilleure poissonnerie à la Bascule. Et l’indispensable Picard « que les Françaises plébiscitent et qui n’émeut pas beaucoup les belges, confie encore Fabienne R. Toute Française a des herbes surgelées Picard dans son congélo, du beurre blanc et des ratatouilles ! Pour les nulles en cuisine comme moi, ou les très bonnes cuisinières qui veulent gagner du temps. » Du coup, on ne s’étonne plus trop qu’il y en ait trois sur Uccle : Fort Jaco, Bascule, Chée d’Alsemberg. En revanche, les marchés semblent essentiels
à l’épanouissement de ces épicuriens ! « Celui du dimanche aux allures provençales du Parvis Saint-Pierre et le lundi celui de la Place Saint-Job, pour les plantes et le fromager », dit Nadine F.

Le croissant de la Maison Barat

Si les Français jaugent volontiers la qualité de vie d’un pays par son art du pain, Uccle score fort. Du pain d’antan de
chez Barat aux chocolatines (pains au chocolat en belge) de Callier, des pains au levain de Janine à la baguette bien cuite de la Fleur du Pain, des cannelés de Bordeaux du Saint- Aulaye au florilège de pâtisseries de Nikolas Koulepis, les avis sont unanimes et dithyrambiques : les pains français ucclois sont bien leurs madeleines de Proust.

Croissant de la Maison Barat

LES QG D’ICI

À Uccle, les copines se retrouvent entre Belges, Italiennes, Françaises ou Chinoises, pour l’ambiance terrasse de café- comme-à-Paris, à la Patinoire le samedi soir, à 9 h du mat pour le thé menthe au Kiosque du Bois de la Cambre et pour l’apéro à la Guinguette du parc de Wolvendael. Avec leur mec, elles optent pour Bois Savane, place Saint-Job, resto plus « intimiste et exotique » après l’apéro et la planche de chez Tontons, rue du Doyenné. On lunche au Repos de la Montagne « typique, cool et bon », selon Fabienne R. ou chez Bouchery, chaussée d’Alsemberg. Leurs hommes apprécient l’entrecôte feu de bois du Hoof, et la « chaleur à la Belge, pittoresque et authentique, de l’ambiance plus masculine ». Le mercredi avec les enfants, ça se passe au Refuge à Saint-Job ou Dînette, rue Vanderkindere. La bonne boule de glace et stracciatella de Zizi pour le goûter !

«L’indispensable Picard que les Françaises plébiscitent et qui n’émeut pas beaucoup les belges »

Pour parfaire son chic look, Françoise V. adore les boutiques branchées du coin Vert Chasseur, « le quartier les blondes de Neuilly », ou les mailles colorées de Dressing Room, parvis Saint-Pierre qu’elle superpose aux petits tops mode H&M un coin plus loin. Dessange pour se recoiffer le moral et raviver la blondeur, mais Marie T. préfère le Salon Vert du Fort-Jaco « parce qu’ils utilisent des produits 100 % végétaux ».
Rayon déco, Fabienne R. raffole du Troc, chaussée de Waterloo, « il y un arrivage de meubles des années 50 une fois par mois », tandis que Marie F. chine à la salle de vente Saint-Job et ne manque jamais la brocante de rentrée du parc de Wolvendael. Question design, c’est évidemment rue du Doyenné à L’appart d’Amanda, pour son bon goût parisien, tandis qu’elles se fleurissent chez Thierry Boutemy, rue Vanderkindere, artiste couturier floral et français de surcroît.

Toujours à l’affût de culture, outre l’abonnement au CCU, les Français squattent la galerie Rivoli et ses quinze galeries d’art au milieu desquelles trône la retoucheuse et sa machine à coudre. Roosi, Hufkens, Moureaux, où sont actuellement exposées les photographies colorées de Fab Rideti, uccloise et française justement. Et, parce que le Beau a une Adresse, c’est avenue Molière, dans cette maison particulière où tout est classe, tout est pur, tout est art, que l’on se prélasse.