« Je suis rital et je le reste, et dans le verbe et dans le geste / Vos saisons sont devenues miennes, mais ma musique est italienne.” Cette chanson du Belgo-Italien Claude Barzotti a près de quarante ans, mais elle continue de traduire l’attachement de toute une diaspora à ses racines transalpines. 

Adorer l’Italie est sans doute la chose la plus banale au monde. Et c’est vrai, de l’Isola d’Elba à Otranto, de Parme à Rome, de Venise à Capri,  … où que l’on aille en Italie, il y a toujours cette « grande bellezza » à couper le souffle, le charme envoûtant de la campagne – l’une des rares au monde à ne pas être ennuyeuse – l’Histoire, la peinture, l’architecture, l’opéra, la gastronomie, les joyeux marchés, la mer bleue et les habitant(e)s,… tout donne envie de s’y installer pour la vie. Chance ! Nos Ucclois(e) d’origine italienne ont gardé en eux un peu, beaucoup, passionnément, de leur Italie natale.  

Vous permettez, Salvatore Adamo ?

Le plus Italien des Ucclois est une légende vivante de la chanson belge, 58 ans de carrière et plus de 100 millions d’albums vendus à travers le monde, à 78 ans, le citoyen d’honneur d’Uccle,  Salvatore Adamo, est sans aucun doute l’un des plus appréciés. Interview sans façon.

Adamo chez lui à Uccle ©Mireille Roobaert

Vous souvenez-vous de votre arrivée à Uccle ? 

Nous sommes venus nous installer à Uccle un peu par hasard en 1976, venant de Paris, pour nous rapprocher du Lycée Français pour éviter une rupture dans la scolarité de notre fils ainé Antony. Nous avions décidé,à cette époque, de quitter Paris pour vivre un peu plus calmement! Ce fut un hasard qui a merveilleusement bien fait les choses! Vos enfants y ont grandi ? Oui, nos deux fils Antony et Benjamin y ont grandi. Uccle s’est avéré l’endroit idéal pour élever nos enfants!

Aujourd’hui, entre concerts, tournées et promotions,  que représente pour vous le fait de « rentrer à la maison », à Uccle? Un port d’attache, un havre de paix où je me retrouve avec Nicole, mes enfants, mes petites-filles et mes amis.

Quels sont les lieux de la commune qui vous touchent particulièrement ? La proximité de la Forêt de Soignes pour promener nos petites-filles et notre chien Tom. Et tous les commerces de Fort Jaco comme « notre » fleuriste l’Olivier. Et le Centre-Ville proche, de même que  la Gare du Midi et Zaventem, mes deux pôles de travail pour moi!

Votre meilleur et pire souvenir en tant qu’Ucclois ? Être nommé Citoyen d’Honneur par Armand De Decker fut un grand moment pour moi. Le pire a pu être la fermeture du Bois et l’asphysie de Uccle qui en a découlé!!

Resto ou commerce préféré, dans votre quartier, ou en dehors ? Nous allons peu au restaurant mais apprécions les bons traiteurs comme La Côte de Beaune, le Capricorno, le Traiteur de la Villa Lorraine et les sashimis du Cap du Vivier d’Oie.

Je n’ai pas la main verte! Mais je cultive l’amitié!

Le hasard du calendrier fait que cette interview sera publiée au mois de la Saint Valentin. Vous, que Jacques Brel surnommait poétiquement «  le tendre jardinier de l’amour », à qui auriez-vous envie de (re)faire une déclaration d’amour? .. à Nicole, mon épouse..

Au fait, jardinez-vous Salvatore Adamo ? Si non, que cultivez-vous ?  Je n’ai pas la main verte! Mais je cultive l’amitié! J’ai beaucoup d’amis que j’apprécie et j’essaie d’être à leurs rendez-vous! Je ne les vois pas autant que j’aimerais mais je sais qu’ils ne m’en veulent pas. J’espère ne pas abuser de leur patience!

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Don Camillo et Peppone, on les retrouve ici aussi 

Elena Russo fait partie de la deuxième vague d’ immigration italienne – d’une composition sociale plus diversifiée et d’une origine plutôt urbaine – qui s’est ajoutée en Belgique à celle, historique, issue de l’accord « Hommes-Charbon » dont on a récemment honoré les 75 ans.  

Tirée à quatre épingles, cheveux impeccablement coiffés, manucurée, maquillée, bijoux dorés, peau bronzée, en véritable italienne, Elena fait «Bella figura», belle figure. Cette Toscane de 33 ans mariée à un fonctionnaire européen, « un Romain pure souche », maman de trois jeunes garçons, est arrivée à Uccle, à l’automne 2015. J’ai déjà  vécu au Royaume-Uni, aux Pays-Bas, en France, et maintenant en Belgique”, explique Elena. « Franchement, J’aime beaucoup la Belgique et Uccle. On y mange bien, il y a de très bonnes écoles, j’aime moins le climat, mais il y a une très bonne ambiance, et les gens sont bienveillants, comme en Italie ! La première semaine de notre arrivée, la jeune fille de notre concierge nous proposait ses services de baby-sitting… gratuitement.  On a tout de suite accepté, mais en la payant ! 



Le groupe Måneskin à l’EuroVision 2021

Ici, dès que je dis que je suis italienne, on me parle de nourriture, de mode, de foot, et aujourd’hui, même de l’Eurovision… C’est vrai que l’Italie a vécu une année exceptionnelle, parce que honnêtement, sauf l’alignement des planètes, il est difficile de trouver une explication à ce conte de fées (rires). Vous imaginez, on a d’abord gagné l’Eurovision, que je ne regarde pas, mais…(ndlr : remporté et « déringardisé »  par Måneskin,  groupe rock -pop dont les places de concerts se vendent comme des paninis). Après, en sport, on a tout gagné : l’Euro de foot, les Jeux olympiques et le cyclisme. Et, en plus, l’Italie est devenue « pays de l’année 2021 » (ndlr : pour le sérieux The Economist). Mon mari aime souligner que c’est grâce au gouvernement « bienveillant, mais vigilant » de « Super Mario » (ndlr : Mario Draghi, Premier ministre italien).  Mais sinon, entre expatriés italiens, on ne parle pas trop de politique, car « Don Camillo et Peppone », on les retrouve ici aussi, alors on préfère parler de la famille ou de nos vacances au pays !!! 

Étant là pour un temps limité dû aux affectations professionnelles de son époux, Elena essaye de prendre toutes les choses positives à disposition. «Mes enfants sont scolarisés à l’École européenne d’Uccle, mais je me suis fait des amies belges bien sûr, car j’ai eu envie de me mélanger avec la Belgique. J’estime que les gens vivent comme ils vivent, sans avoir attendu aucun expatrié, donc à nous d’en tirer quelque chose et d’être respectueux de tout cela !! Et je trouve ça génial parce que tu ne sais pas où tes enfants choisiront de s’installer. Dans un autre pays, dans une autre ville, mais ça peut être ici, à Uccle, qui deviendrait un peu leur vrai chez eux ! J’en serai heureuse. » 

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A tavola ! 

Si beaucoup d’Ucclois(e)s se rendent au restaurant italien de leur quartier, c’est d’abord pour y retrouver ce romantisme chaleureux et accessible de la tablée italienne. Lieu idéal des premières rencontres, façon La Belle et le Clochard – réalisé par l’italo-américain Geronimi – et sa scène culte du spaghetti ou espace d’échange amical ou familial, à Uccle, les restaurant gastronomique italien, pizzeria, trattori et osteria sont incontournables et parmi les meilleurs de la Capitale.  

Moment de bonheur sans gluten! 

Pour mémoire, arrivés en Belgique de leur Catane natale (Sicile), Santa et Francesco, déjà patrons d’ »Italia in Tavola » durant 10 ans à Ixelles, ont déménagé four et casseroles fin 2017 à Uccle. « Notre restaurant marchait très bien à Ixelles, mais on voulait être propriétaires des murs. On a trouvé à Uccle et on ne le regrette pas ! ». Originalité, Santa en salle et son mari aux fourneaux, proposent une carte italienne traditionnelle et …une carte sans gluten ! De la science-fiction ? Et bien non : la patronne étant cœliaque, le couple a choisi de perfectionner l’art de la pâte sans gluten (ou sans lactose ou œuf). Résultats, de fabuleuses tagliatelles au demi-homard ou à la Norma et tout le reste de la carte, fait maison. Accueil, service et prix, tout y est doux et ce savoir-faire va de pair avec un vrai savoir-vivre : « A Uccle, nos clients viennent pour l’ambiance, tranquille et familiale, et ensuite, ils prennent bien leur temps pour choisir, papoter et profiter de nos plats. Bref, ici, on traîne facilement à tavola. A l’italienne !» dit Santa en riant.   

« Quand je n’ai pas trop le moral, il me suffit de fermer les yeux et de m’imaginer en Italie pour retrouver le sourire ». Santa 

« La seule chose que je regrette parfois est de ne pas avoir assez l’occasion d’emmener mes petits-enfants dans la magnifique Forêt de Soignes, juste à côté. Mais comme tous les restaurateurs, nous sommes des artisans très occupés. Alors quand je n’ai pas trop le moral, ce qui est arrivé durant le confinement et la reprise lente, je vais voir mon compatriote Pasquale de la Pizza Zazza, un peu plus bas sur la chaussée de Waterloo, on parle… de l’Italie ! et ça me suffit pour retrouver le sourire ».  Va bene.