SOBRIÉTÉ ÉNERGÉTIQUE


Réduire sa facture d’énergie et son impact environnemental, allier économies et écologie, Gérard Bedoret, architecte ucclois, l’a réalisé avant tout le monde : il a imaginé et créé sa maison passive il y a près de douze ans, rue Montagne Saint-Job.

« Le projet de construire une maison passive est né en 2005, raconte Gérard Bedoret. Le standard passif, venu d’Allemagne, commençait à faire parler de lui en Belgique et ailleurs. Après pas mal de recherches, nous avons trouvé ce petit terrain de 4 m de large à Uccle fin 2006. En 2007 sont apparues plusieurs formes d’aides publiques régionales : des primes énergie spécifiques pour les bâtiments passifs, un ‘’appel à projets exemplaires‘’ sélectionnant les projets les plus performants en matière de respect de l’environnement et leur octroyant des aides financières ainsi qu’un accompagnement technique. »  Ces mesures ont fait de la Région bruxelloise l’un des lieux au monde les plus avancés dans le domaine et de très nombreux bâtiments innovants de toutes tailles ont fleuri depuis dans la capitale, suscitant un intérêt international. « Des aides fédérales sont apparues au même moment pour les constructions passives et zéro énergie. Bref, c‘était le bon timing ! »

Une maison sans chauffage

Une construction passive, terme souvent galvaudé pour parler de toute maison écologique ou très isolée, désigne un bâtiment répondant à un standard international très précis, qui se caractérise principalement par des performances précises : le besoin d’énergie pour le chauffage doit être inférieur ou égal à 15kWh/(m².an) et l’étanchéité à l’air doit être telle que le taux de renouvellement d’air mesuré à une différence de 50 Pa (pression atmosphérique normale) doit être inférieur ou égal à 0,6 vol/h.

Ces performances correspondent à un seuil à partir duquel on peut, en théorie, se passer d’un chauffage conventionnel pour maintenir une température de 20°. Les apports solaires passifs – à travers les fenêtres, la chaleur produite par les appareils électriques, la cuisine, et la chaleur des habitants sont complétés au besoin par un simple réchaud électrique ou une batterie réchauffant l’air introduit par le système de ventilation mécanique. « Dans notre cas, reprend l’architecte ucclois, la maison est chauffée par un unique foyer au gaz placé dans le séjour et cela suffit amplement à chauffer toute la maison. »

Sur quatre fronts

L’idée est donc de conserver au maximum la chaleur, ce qu’on cherche sur quatre fronts qui relèvent davantage du bon sens que de la technologie : isolation renforcée, étanchéité à l’air irréprochable, ventilation double flux avec récupération de chaleur et optimisation des apports solaires passifs. Il faut bien sûr privilégier l’utilisation d’énergies renouvelables, d’appareils électriques à basse consommation et l’emploi de protections solaires pour éviter la surchauffe.

« Vivre dans une maison passive offre un grand confort d’utilisation, détailleGérard Bedoret. La température est agréable et la ventilation double flux garantit un air sain. Dans notre maison, ce confort est accru par le choix de matériaux naturels, comme l’argile qui recouvre un mur pignon sur toute la hauteur et qui régule naturellement le taux d’humidité. En tant qu’architecte, cela demande d’abord de collaborer étroitement avec un bureau d’études spécialisé entre autres pour le dimensionnement des épaisseurs d’isolant, la prise en compte des apports solaires passifs, etc. »

Cela dit, une telle collaboration est rendue nécessaire de toute façon par les réglementations PEB (pour « performance énergétique des bâtiments ») en vigueur. « Ensuite, les détails de construction doivent être particulièrement soignés, tant au niveau de la conception qu’à celui du suivi de la mise en œuvre. L’étanchéité à l’air demande une attention particulière, car des défauts ponctuels peuvent cesser d’être visibles à mesure que le chantier avance dans les finitions. »

Amortissement sur onze ans


«
J’avais à l’époque estimé le surcoût à 13 %, ce qui correspond aux chiffres avancés en général entre 10 et 15 %. Hors aides financières, l’amortissement était atteint en onze ans, toujours selon mon calcul de l’époque. Les aides reçues ont permis d’absorber quasi instantanément le surcoût. » Ceci doit être réévalué. D’un côté, plus d’entreprises sont familiarisées avec la manière de construire passif et plus de produits spécifiques comme les châssis passifs avec triple vitrage sont disponibles. D’un autre côté, le coût de l’énergie et des matériaux évolue à la hausse. Il faut noter que les primes énergie pour constructions passives ne sont plus d’application à Bruxelles depuis que, en 2015, les réglementations régionales ont imposé des performances proches du standard passif pour toute construction neuve. Il semble que l’intérêt pour les constructions passives soit un peu en perte de vitesse. Les réglementations relatives à la consommation énergétique sont devenues bien plus contraignantes qu’auparavant avec notamment l’introduction des certifications sur la PEB.

https://www.maisonpassive.be/?Les-criteres-du-passifhttps://www.gbedoret.be/montagne-de-st-job/

https://docplayer.fr/13074668-Maison-passive-a-uccle.html