Si chaque année depuis cinquante ans, entre 600 et 850 enfants profitent des joies de la glisse sur les 200 km de pistes balisées du Val d’Anniviers, ce sont aussi des familles et des groupes qui s’installent – été comme hiver – dans ce domaine privé de 3,5 hectares appartenant à la commune d’Uccle.
C’est en 1969 que celle-ci construit un chalet de 7 étages – 41 chambres, salles de classe et salles de jeux, bar et restaurant, baby-club – à Ayer dans le Valais suisse pour y accueillir les classes de neige. Quelques années plus tard, un deuxième bâtiment de 13 chambres, le pavillon, s’implante à cinquante mètres du chalet, à 1 500 mètres d’altitude. L’ASBL du Val d’Uccle, créée par décision du Conseil communal, dont le Conseil d’Administration se compose de délégués des groupes politiques, de différents réseaux d’enseignement et de comités de parents a en effet pour objet l’organisation de classes de neige à prix démocratiques, en priorité pour les écoles de la commune d’Uccle, mais néanmoins ouvertes à tous les établissements scolaires. Notons qu’un subside communal de 160 000 euros est octroyé chaque année au Val d’Uccle.
Carine Gol-Lescot, échevine de l’enseignement et tutelle de l’ASBL Le Val d’Uccle : « Nous accueillons jusqu’à 160 enfants par semaine ! Chaque année, nous envoyons un courrier à toutes nos écoles communales et aux écoles qui viennent d’habitude leur demandant si elles sont intéressées et quelle est leur période de prédilection. Sur cette base, nous faisons un agenda le plus large possible.» 17 écoles, avec plusieurs classes par école, sont inscrites à ce jour pour l’hiver prochain. « La priorité reste pour les Ucclois tant pour les écoles que pour les vacanciers, mais on ne s’y limite pas, le lieu est ouvert à tous. Il n’est pas rare de voir des élèves qui convainquent leur famille d’y retourner, ou qui devenus parents à leur tour y emmènent leurs enfants ! Nous avons même accueilli une chorale pendant dix jours », rajoute Carine Gol-Lescot.
Il faut dire que ces classes de neige en Suisse laissent un souvenir inébranlable dans le cœur des élèves qui y sont passés. Charles L., 28 ans aujourd’hui, se souvient, des étoiles plein les yeux: « J’avais déjà été skier avec mes parents dans des stations hyper modernes et branchées, mais ces classes de neige restent un des plus beaux souvenirs de ma vie d’enfant. Il y avait une ambiance vraiment particulière, on rencontrait des enfants d’autres écoles. Bien sûr il y avait le ski et des cours chaque jour, mais aussi des visites et la fameuse chasse au dahu, toujours traqué mais jamais attrapé . Un peu comme un mini Club Med, en fait ! »
« J’étais à l’école au temps béni où l’on partait deux fois en cinquième et sixième primaire, j’avais déjà été dans des super stations mais là il y a une ambiance particulière. Je vous avoue que j’en garde encore maintenant un souvenir de rêve » confie, elle aussi, l’échevine.
Avec la pandémie, les classes de neige ont été annulées l’an passé, au grand désespoir des enfants qui attendaient avec impatience leur sixième primaire pour enfin découvrir par eux-mêmes ce dont ils avaient tellement parlé. « Ce fut un véritable chagrin pour les élèves, l’équipe enseignante et nous-mêmes de ne pouvoir organiser ces classes de neige. Nous espérons ne plus jamais devoir annoncer une si mauvaise nouvelle », rajoute Marie Adnet du Val d’Uccle pour qui « organiser des classes de neige, ce n’est que du bonheur, ce n’est même pas un travail – juste du plaisir. »
Menace sur le Val
Le décret gratuité, créé par la Fédération Wallonie-Bruxelles en 2019, impose depuis peu aux écoles de ne pas dépasser la somme de 101,67 euros demandée aux parents pour toute l’année, que ce soit pour les classes de dépaysement, les visites à l’extérieur ou pour le matériel. Chaque dépense prise sur ce budget doit de plus être justifiée. Pour l’instant, ce décret n’est encore d’application que pour les trois premières maternelles. « Ce sont les écoles qui doivent tout fournir. La somme de 101,67 euros permet de faire quelques sorties et d’acheter un peu de matériel. Auparavant, nous demandions aux parents qui le pouvaient de financer les classes de dépaysement. Pour ceux qui n’en avaient pas les moyens, nous avions recours à la caisse sociale de chaque école. C’est pour cela que nous arrêtons la systématisation d’envoyer tous les enfants de 3° primaire au Chat botté, à la côte belge. Chaque école choisira et certaines écoles se rabattront sur des possibilités moins chères ou différentes », explique Carine Gol-Lescot. Qui enchaîne : « Pour le Val d’Uccle, si ça continue, dans 6 ans nous nous poserons cette question : les jeunes Ucclois pourront-ils encore partir en classe de neiges en Suisse ? Je vous dirais que c’est un décret qui a un très joli nom parce qu’il parle de gratuité scolaire et c’est merveilleux. Par contre, concrètement, pour envoyer les enfants au théâtre, ou au musée – alors qu’avant nous demandions 5 euros aux parents, désormais il faut se limiter au plafond de 101,67 euros par an. C’est totalement restrictif ! »
« Il va de soi que ce décret gratuité va grandement impacter notre ASBL. Il est assez astreignant et va bouleverser la donne, mais nous allons nous y préparer et faire face », dit encore Marie Adnet.
Les classes de dépaysement ne sont pas organisées chaque année, tandis que les excursions le sont encore. « Les enfants vont aussi dans des centres Adeps et allaient auparavant en classes de mer au Chat Botté, mais on ne le fera plus. Mais dans nos écoles communales depuis cinquante ans que le Val d’Uccle existe, à tout le moins les 6°primaires partent 13 jours. À titre personnel je ne vois pas d’autres lieux appartenant à la commune avec du logement », conclut Carine Gol-Lescot.
Classe de neige au Val d’Uccle
La vallée de tous les plaisirs
Le forfait des remontées mécaniques permet de skier sur le domaine de Zinal récemment relié à celui de Grimentz grâce à un nouveau téléphérique et sur les pistes de Chandolin, Saint-Luc, ou Vercorin, lieux de prédilection pour l’entraînement de l’équipe nationale suisse de ski alpin. La région regorge de trésors à visiter, dont le lac de Moiry reliant le barrage au glacier par la Via Ferrata ; la mine de cuivre de la Lée, seule du genre ouverte au public ; le Moulins d’Anniviers et son patrimoine historique ; le pont suspendu de Niouc, le plus haut d’Europe principalement connu pour ses sauts à l’élastique de 190 mètres ; l’observatoire François-Xavier Bagnoud d’où l’on observe le soleil et le Chemin des Planètes…
TARIFS
Écoles uccloises : 595 €, forfait comprenant :
• la pension complète,
• le transport en car de nuit,
• le ski à Zinal-Grimentz, pendant 8 demi-jours,
• l’encadrement par des moniteurs diplômés,
• les assurances assistance et risque « ski ».
Écoles non uccloises : 630 €, même forfait, sans les assurances.
Le voyage s’effectue par cars spécialement conçus pour les longues distances et dotés d’un très grand confort (sanitaires, TV vidéo). Plusieurs activités sont prévues durant la journée (promenade en raquettes, visite d’une ferme, visite du Village de Grimentz, découverte de la nature…) et en fin de journée (balade aux flambeaux, karaoké, contes pour enfants, animations diverses…)
Vacanciers : 685€ en haute saison des vacances de Carnaval, hors ski pass et ski de fond – cours de ski et prêt de matériel compris.
Infos & réservations :
. Tel : 02348 65 66. www.valduccle.be