Contrairement à une idée reçue, Uccle n’est pas la commune bruxelloise la plus âgée : avec une moyenne d’âge de 41,6 ans, elle n’arrive qu’en troisième position derrière Watermael-Boitsfort (42,5 ans) et Woluwe-Saint-Pierre (41,7 ans, sur le fil). Elle est tout de même celle qui compte le plus de citoyens, hommes et femmes, de plus de 90 ans (près de 1 300 au 1er janvier 2021, selon l’Institut bruxellois de Statistique et d’Analyse), dont 37 centenaires. Et au total, les plus de 60 ans pèsent 20 % de la population uccloise, ce qui représente plus de 16 000 personnes – voir aussi notre infographie.

« Il y a plusieurs explications, souligne François Lambert- Limbosch, qui assume notamment la responsabilité scabinale des Seniors et de l’Action sociale. D’abord, Uccle compte de nombreuses maisons de repos (NDLR :

14 selon les chiffres de l’IBSA, sur un total de 146 en Région de Bruxelles-Capitale). Ensuite, historiquement, notre commune fait partie de la couronne verte de Bruxelles dont l’urbanisation s’est surtout développée dans les années 60 et 70. Les habitants de l’époque cherchaient un environnement vert et avaient les moyens de construire. Leurs enfants ont grandi et quitté la maison, mais eux sont souvent restés – même si beaucoup de jeunes finissent par y revenir plus tard, quand ils ont les moyens », tempère l’échevin. Ou quand ils finissent par hériter de la maison familiale, a-t-on envie d’ajouter…

C’est que, manifestement, les seniors apprécient la qualité de vie dans la commune. « Uccle est pleine de ressources qui plaisent aux aînés », témoigne la présidente de l’asbl Génération+ qui organise un large éventail d’activités destinées aux 55+. « Qu’il s’agisse de la présence de nombreux espaces verts, du Centre culturel avec ses tarifs, sa programmation et ses horaires accessibles, de l’offre en matière de gastronomie et de restauration ou des nombreuses possibilités de se retrouver autour d’une activité conviviale, ajoute Sophie Bascour. On voit d’ailleurs beaucoup de résidents des communes voisines participer à nos événements et il n’est pas rare de les entendre plébisciter ce que propose Uccle par rapport à leur propre commune… »

« Uccle est pleine de ressources qui plaisent aux aînés »

Seniors actifs

Génération+ a pour ambition de rompre l’isolement des personnes plus âgées en leur offrant la possibilité de se retrouver autour d’activités culturelles, sportives, récréatives ou sociales. Objectif : « Améliorer la qualité de vie des aînés, promouvoir leur épanouissement, renforcer les liens sociaux et inspirer les projets de vie », énoncent les statuts de l’association soutenue par la commune et son service Seniors. Un magazine bimestriel (intitulé G+), une page Facebook et une place en vue sur le site www.uccle.be déclinent les multiples rendez-vous proposés. En vrac : ateliers créatifs et artistiques, rendez-vous dédiés aux jeux de cartes et de société, visites, voyages et excursions, sport adapté, repas gastronomiques et fêtes, spectacles et conférences interuniversitaires. Aussi, les très courues promenades du lundi et, bien sûr, des après-midi dansants qui se terminent en apothéose avec le Bal des Seniors organisé début décembre, à l’approche des fêtes – et qui retrouvera toute sa place cette année après interruption due au Covid.

Les ateliers se déroulent généralement dans l’un des cinq centres récréatifs disséminés dans la commune. Ils sont animés par l’équipe permanente de Génération+ (cinq personnes) et des dizaines de bénévoles enjoués. Ces deux dernières années, l’échevinat et l’asbl ont même obtenu un subside de Bruxelles Mobilité pour organiser des workshops supplémentaires dédiés aux solutions susceptibles de faciliter les déplacements des
seniors. Car s’il devait y avoir un défi à relever pour améliorer (encore) la vie des aînés dans la commune, c’est sur les routes qu’il se situe.

« Améliorer la qualité de vie des aînés, promouvoir leur épanouissement, renforcer les liens sociaux et inspirer les projets de vie »

« L’environnement a bien changé ces dernières années, rendant la mobilité plus difficile, notamment dans certains quartiers, relève François Lambert-Limbosch. Mais je constate avec plaisir que de nombreux seniors s’adaptent et optent pour d’autres solutions que la voiture, participant notamment, pour les plus jeunes, à l’essor du vélo électrique. » Tout en reconnaissant qu’il reste des efforts à faire pour leur faciliter la vie, en termes de fréquence des transports en commun, d’accessibilité aux gares ou de simplification des procédures de réservation en ligne. La commune y travaille avec les parties prenantes à ces problématiques, comme les opérateurs de transports publics (train, tram, bus). « Dans le cadre de la transformation de la gare et du pont de Saint-Job, nous avons obtenu que soient pris en compte des critères d’accessibilité pour les personnes âgées et à mobilité réduite », confirme l’échevin. À titre d’exemple.

Amie des aînés

Autre initiative lancée par le collège au début de la mandature : la création du Conseil consultatif ucclois des Aînés (CCUA), une instance indépendante qui, comme son nom l’indique, vise à éclairer les autorités communales sur les besoins des seniors et à suggérer des pistes d’amélioration aux problématiques qui leur compliquent la vie. « Nous faisons remonter les souhaits des plus âgés autour de thèmes débattus en groupes de travail, comme la santé et le social, l’habitat, la mobilité, l’environnement et les espaces verts ou l’intergénérationnel, résume sa présidente. Depuis que nous avons par exemple formulé un avis relatif à la fracture numérique, énormément d’efforts ont été faits par la commune en matière d’espace public numérique. »

Très à l’écoute de ses concitoyen(ne)s, Chantal Noé estime la qualité de vie des seniors à Uccle « relativement bonne » mais aussi très inégale car « elle reflète une grande diversité de situations. Je suis parfois un peu choquée que beaucoup de gens voient Uccle comme une commune de riches. Il y a en réalité de grandes disparités en termes d’aisance financière, d’isolement, d’état de santé, d’habitat, d’accès à la culture et au sport. Et elles vont s’accroître avec la crise énergétique. » Et de pointer aussi les problèmes de mobilité liés à « l’état exécrable des trottoirs, la fréquence des travaux, les taxis inabordables… », tout en admettant que cela concerne toute la Région bruxelloise.
Au nom du CCUA, si Chantal Noé devait formuler un espoir, ce serait que « la commune concrétise ce que la majorité actuelle avait explicitement formulé dans sa Déclaration de politique générale : faire d’Uccle une commune “Amie des Aînés” avant la fin de la mandature. » Concrètement, il s’agit d’un label attribué par l’OMS pour encourager les localités à adopter des mesures favorables aux seniors selon toute une série de thématiques et sur base d’un diagnostic local.

« C’est un dossier qu’on a dû mettre au frigo à cause du covid mais qu’on va essayer de sortir de sa léthargie », nous confirme François Lambert-Limbosch, à l’origine de l’initiative. Tout en rappelant que « nombre d’actions entreprises ces dernières années, dont la mise en place du Conseil consultatif, s’inscrivent déjà dans la logique promue par ce label. » Épinglons le soutien apporté par la commune à l’asbl « Bras dessus Bras dessous » qui vise à rompre l’isolement des plus âgés en tissant des liens de voisinage solidaires, ou à la maison médicale Homborch Santé qui développe des animations pour améliorer la cohésion sociale dans le quartier. Aussi pour les seniors.