Le co-housing, la coloc’ version 2.0.
Dernière tendance en matière de logement urbain, le "co-housing", version “hype” de la colocation, trouve à Bruxelles une clientèle jeune et internationale. Une formule qui n'est pas louée par tout le monde.
Dernière tendance en matière de logement urbain, le "co-housing", version “hype” de la colocation, trouve à Bruxelles une clientèle jeune et internationale. Une formule qui n'est pas louée par tout le monde.
Une offre taillée sur mesure pour les “millenials actifs”
Tout droit venue des Etats-Unis, elle se distingue de la colocation de par son concept: un service de location clés en main avec extras dans des maisons d’un certain standing. Ici les espaces privés ne se limitent plus à une simple chambre: salle de bain/W.C. privés, kitchenette, l’espace de vie est repensé. Partagées généralement entre 8 et jusqu’à 30 personnes, les habitations remodelées en fonction du co-housing promettent une expérience de vie en communauté mais aussi et surtout des services particuliers comme le ménage, une salle de sports, un catalogue de streaming, parfois même des petits déjeuners servis le week-end, le tout dans des maisons de maîtres bruxelloises ou des lieux atypiques, décorés avec goût.
Déménagement fréquents, changement de postes, fin d’études sur le tard, le co-housing surfe sur une réorganisation des modes de vie d’une nouvelle génération de jeunes actifs. Les rythmes de vie ont changé. L’idée générale du jeune travailleur actif et urbain ne voulant pas vivre seul: c’est le cœur de cible du co-housing. La population et les citadins en particulier sont à la recherche de plus de flexibilité dans l’offre résidentielle. Ils veulent pouvoir trouver et entrer plus vite dans un logement, et en sortir plus rapidement quand une transition s’impose ou se propose à eux. Dans le domaine de l’achat immobilier, cette nouvelle génération de jeunes travailleurs a de moins en moins la capacité financière d’acheter un bien: devenir propriétaire n’est plus un automatisme contrairement aux générations précédentes et l’urbanisation rend plus coûteux l’accès aux biens immobiliers, particulièrement dans les capitales européennes.
Des implantations dans des quartiers branchés
Sur le marché locatif du co-housing, Ikoab, Cohouse ou encore Colive ont su s’implanter dans notre capitale européenne à des points stratégiques: Saint-Gilles, Ixelles, Uccle. Les bâtisses, modernisées et rénovées, répondent à un certain standing. Conséquence directe: les loyers flambent. Conséquence tout aussi directe de la pandémie Covid-19 qui freine la libre circulation des locataires expatriés, il y aurait plus de co-housings vacants qu’espéré… Mais la tendance reste porteuse, entreprises spécialisées ou particuliers sont à l’achat de maisons de maître ou d’anciens hôtels pour les rénover et créer un lieu entièrement adapté à “une vie communautaire épanouie”. Un modèle de vie entièrement adapté à la génération des “millénials” répondant tout de même à un critère financier particulier: trouver une chambre dans de telles demeures a un coût. Si l’on observe un prix de 750 € en moyenne pour une chambre comprise entre 15 et 20 m2, on note aussi que certaines entreprises de gestion de co-housing demandent de remplir des critères particuliers (centres d’intérêts, salaires…) afin de créer “une harmonie” entre les colocataires.
Avant de s’adresser aux locataires, ces sociétés de co-housing s’investissent en premier lieu auprès des (futurs) propriétaires en proposant un service “tout compris”. Chez Ikoab par exemple, on nous propose une gestion des projets “de A à Z: recherche et analyse financière de biens adaptés au co-living, rénovation, aménagement des biens et gestion locative”. On nous précise également que le rendement est garanti et supérieur au marché locatif. Ce sont précisément ces dernières évolutions qui agitent les sphères communales: crainte tout d’abord d’une spéculation immobilière suite aux nombreux rachats de biens, côté “volatile” des locataires avec des offres de baux minimes (3 mois, 6 mois…) ou encore bruit occasionné par un logement habité par parfois 20 personnes, certains élus se questionnent. Justine Février
Julie, 26 ans, Française: « treize à la douzaine dans notre maison »
« Chez nous, on est 13, dans une jolie et grande maison à Saint-Gilles. Pendant ma recherche, un de mes critères principaux était le partage: un Brésilien, une Irlandaise, un Allemand, des Belges (deux Flamands, des Wallons)… à la maison on parle anglais, certains parlent flamand, parfois français. Ce qui m’a beaucoup convaincue également, c’était l’aspect “clé en main”: toutes les chambres sont meublées, chacun d’entre nous a sa salle de bain et les charges comprennent tout ce dont on a besoin: assurance, factures, ménage, etc. Le must, c’est le partage: à 13, tu as toujours plus de chance de trouver quelqu’un partant pour une activité! On organise des repas les week-ends, on a un espace salon doté d’un projecteur et d’un piano, ça nous permet de créer un vrai espace vivant. Si tu as envie d’être un peu seul, tu peux tranquillement profiter de ton espace personnel sans croiser personne. C’est une chance, surtout en cette période de confinement. On a récemment vu un de nos colocataires partir et on a bien senti que trouver une nouvelle personne s’avérait plus difficile que d’habitude: on a eu beaucoup de demandes de stagiaires mais peut-être un peu moins, les gens sont un peu plus frileux. Il n’y a qu’à voir les groupes Facebook dédiés aux recherches de locations de chambres: avant, il y avait plusieurs dizaines de commentaires. Aujourd’hui beaucoup de posts restent sans commentaires. » J.F.
Cédric, 26 ans: « Quelle chance de vivre dans un ancien cloître! »
Cédric vit actuellement dans un ancien cloître. Pour la petite histoire, il n’y avait plus assez d’occupation dans le bâtiment et l’Eglise a donc décidé de regrouper les prêtres de plusieurs endroits dans un seul. Le bâtiment a été vendu à un projet immobilier à but non lucratif qui, en attendant le début des travaux, cherchait des jeunes pour créer une collocation en attendant d’avoir les permis de construire nécessaires à la modification du bâtiment. Après travaux, le projet sera mené par cOarchi, un service de création et d’accompagnement de projets d’habitats groupés à haute valeur humaine et architecturale. La bâtisse accueillera un projet d’habitat groupé intergénérationnel et solidaire. Il s’agit d’un grand bâtiment car il servait aussi de centre de séminaire pour les futurs prêtres. « Le bâtiment est divisé en trois ailes: le bâtiment ou nous vivons, la deuxième aile destinée aux séminaires et une aile utilisée pour les activités des pères. Nous sommes 15, dans des chambres allant de 20 à 45m2, de grands espaces à prix vraiment avantageux. Le vrai coup de foudre a été l’espace: 1,5 hectares, un cadre unique, une partie nous est destinée pour le jardin. Lorsque nous avons fait la visite des lieux, il y avait encore beaucoup d’objets religieux, cela donne une ambiance particulière. Lorsque l’on s’investit dans un pareil projet, forcément la vie commune est importante. Pour nous, c’est essentiel de trouver du partage au sein de notre environnement. On est tous investis d’une mission : création d’un potager, d’une ruche, organisation d’activités… Chacun à son rôle ici. On est aussi ravis de se retrouver pour les repas ou organiser des soirées. Ça nous a d’ailleurs valu une descente de police qui suspectait une lockdown party ! On mesure la chance qu’on a de vivre dans un cadre pareil, surtout en contexte de pandémie…. »
Page Facebook : Vosberg.cohousing