Mise au vert

Parmi les nombreux sentiers de grande randonnée (SGR) balisés qui parcourent l’Europe, il en est un qui relie Paris à Amsterdam en passant par Bruxelles. Particularité : le GR12, c’est de lui qu’il s’agit, traverse Uccle de part en part. Nous l’avons emprunté entre Drogenbos et Forest pour découvrir certains des sites remarquables qui en jalonnent le parcours (1).

1. Le Melkriek

On part de la jolie stadhuis de Drogenbos pour enfiler la rue de la Brasserie et traverser le quartier du Melkriek. Un nom qui évoque l’ensemble de plus de 200 logements sociaux construits dans les années 70 sur le modèle des cités-jardins chères aux urbanistes anglais de la fin 19e, avec une majorité de maisons unifamiliales et quelques immeubles à appartements. Un nouvel ensemble assez remarquable d’habitations sociales esthétiques et écologiques y a été bâti dans les années 2000, préservant partiellement l’environnement naturel connu pour abriter de nombreux terriers de renards… Plus récemment, la commune a installé appareils de fitness et tables de ping-pong dans ce quartier où les enfants aiment jouer à l’extérieur.

2. Geleytsbeek et Keyenbempt

Un bel itinéraire de promenade permet de cheminer en pleine nature entre les bois, les potagers, les clairières sauvages et les zones marécageuses bordant le Geleytsbeek. Ce ruisseau qui prend sa source au parc Fond’Roy, a jadis façonné la vallée de Saint-Job avant de rejoindre la Senne. En partie voûté, il s’écoule à l’air libre le long de ce bucolique itinéraire de promenade. Un petit pont le traverse pour permettre au sentier de s’enfoncer dans la partie forestière et humide du Keyenbempt, gérée par Bruxelles-Environnement pour favoriser la biodiversité.

3. Le moulin du Nekkersgat

Ce moulin à eau constitue un exemple typique de l’architecture rurale brabançonne du XVII e siècle. Il a exercé une multitude de fonctions (moulin à grain, à huile, à papier…) avant de cesser toute activité au lendemain de la 2e guerre mondiale. Occupé à l’époque par le ferronnier d’art Jean Seydel, il fut racheté par la commune, classé en 1971 et rénové en 2011 par le bureau d’architectes Metzger & Associés, qui lui a restitué sa roue à aubes. On peut aujourd’hui y louer des espaces.

(c)MA2

4. La plaine du Bourdon

Longtemps restée en friche et connue pour avoir accueilli pendant des années le chapiteau du cirque Pauwels, elle abritait jadis un quartier populaire disparu pour laisser place… au ring. Propriétaires expropriés, bâtiments rasés mais, heureusement pour l’environnement, tracé autoroutier déplacé de quelques kilomètres ! Vestige de l’époque, la brasserie datant du 19e siècle sur le coin entre les chaussées de Saint-Job et d’Alsemberg. La friche accueille depuis 2012 des logements (en partie publics), des commerces, une séniorie et un espace vert formant un maillon de la promenade verte régionale où le Geleytsbeek a également été remis à découvert.

5. La Gare de Calevoet

Mise en service en 1873, ce bâtiment de style néo-renaissance flamande doté de pignons à redents n’accueille plus de guichet depuis 2013 et semble abandonné. On le dit à vendre par la SNCB… Les Ucclois se plaignent du passage glauque et mal éclairé sous les voies, mais un nouveau tunnel cyclo-piéton est évoqué « pour bientôt ». À suivre, donc.

(c) Philippe Berkenbaum

6. Le Dieweg

Le GR12 emprunte ensuite le tracé du Dieweg, cette ancienne voie romaine devenue artère résidentielle qui ne se distingue pas seulement par l’architecture de plusieurs de ses villas cossues, mais aussi par une succession d’arbres remarquables. Épinglons le pin arolle et le robinier faux-acacia pluri centenaire plantés à hauteur du n°28, un majestueux hêtre des bois au tronc dépassant les 3 m de circonférence au n°47 et un cèdre du Liban au n°58. Plus une collection de marronniers impressionnants.

7. La Villa Bloemenwerf

Avant d’arriver au parc Wolvendael, un crochet s’impose par le haut de l’avenue Vanderaey pour admirer la maison Bloemenwerf. Reconnue œuvre capitale des débuts de l’Art Nouveau, elle est la première réalisation du précurseur Henry Van de Velde. Classée en 1981, elle a été vendue en 2013 et est aujourd’hui en voie de restauration à l’identique, avant de devenir une résidence d’artistes selon le souhait de ses nouveaux propriétaires. Qui annoncent son ouverture aux visites lors des Journées du Patrimoine.

(c)Wikimedia

8. Le Cimetière du Dieweg

Désaffecté depuis 50 ans, l’ancien cimetière d’Uccle constitue un ensemble remarquable classé « Monuments & Sites » en 1997. Tous les styles architecturaux y sont représentés en matière d’art funéraire, avec une nécropole juive particulièrement importante. Sa situation sur un terrain en pente donnant sur la vallée de Saint-Job offre une vue jusqu’au Kauwberg et son abandon relatif pendant des décennies a permis à une flore particulièrement diversifiée de s’y développer. De nombreuses personnalités y reposent, à commencer par Hergé. Cherchez les autres…

9. Le Kamerdelle

Nous vous avions parlé du Crabbegat dans un précédent numéro (WM676), rien ne vous empêche d’y passer si vous suivez le GR12 avant de traverser une partie du parc Wolvendael vers la rue Rouge puis le Parvis. Mais empruntez d’abord la rue Kamerdelle pour admirer d’autres « arbres remarquables » (selon la classification régionale), dont un mûrier noir au n°83 ou un pin buissonnant au 64.

10. Le Parvis Saint-Pierre

Cœur battant d’Uccle-Centre, il vaut autant pour l’architecture néo-classique de son église classée – et de son presbytère devenu Maison des Arts de la commune au 102 de la rue du Doyenné – que pour son histoire. C’est le premier hameau rural autour duquel la commune a commencé à se structurer à la fin du 19e siècle, mais l’on sait qu’il abritait déjà un sanctuaire religieux depuis le 12e siècle. L’église actuelle date de la fin du 18e.

(c) Philippe Berkenbaum

11. Le Square Coghen

De lui aussi, nous vous avions déjà parlé longuement dans un précédent numéro (WM672), mais ce discret ensemble architectural de style moderniste bâti dans les années 30 n’en reste pas moins incontournable. Des architectes renommés y ont attaché leur nom. À vous de les découvrir.

12. L’Îlot Tillens

Invisible depuis la rue Joseph Bens où se dissimule son entrée (via le carré Tillens), ce vaste espace vert cerné d’immeubles bâtis est un véritable poumon qui résiste depuis des décennies aux assauts des promoteurs. Lieu de promenade ou de ressourcement, il abrite aussi de nombreux potagers exploités par les riverains et même les élèves d’une école voisine. L’endroit idéal pour reprendre des forces avant d’aborder la suite de notre parcours – et peut-être du GR au-delà de la commune, vers Bruxelles.

(c) Philippe Berkenbaum

13. Les Carrés Pauwels et Stevens

Deux magnifiques exemples de ces carrés dont il subsiste une vingtaine de représentants de charme à Uccle. Ces impasses paysagées incarnent un type très particulier d’habitat social de la fin du 19e siècle, réunissant un ensemble d’habitations mitoyennes modestes alignées en intérieur d’îlot et interdites à la circulation automobile. À Uccle, certains carrés ont été construits pour accueillir une partie de la population ouvrière des Marolles expulsée pour la construction du Palais de Justice.

(c) Philippe Berkenbaum

14. Le Chat

On doit au même Joseph Poulaert la construction d’une autre cité-jardin destinée à reloger des locataires des Marolles, entre les avenues Brugmann et Coghen et les rues Vanderkindere et Messidor. Le nom de ce quartier, dit « du Chat », proviendrait de l’auberge « In de Catte », citée dès le XVe siècle dans ce qui n’était encore qu’un hameau. Un joli parc public aménagé par la commune donne aujourd’hui de l’air à ses riverains et un espace de jeu à leurs enfants. Un petit havre de tranquillité au cœur d’un quartier qui reste populaire, malgré une plus grande mixité sociale depuis quelques années.

(c) Philippe Berkenbaum

15. L’Altitude 100

Nous avons quitté Uccle pour rejoindre Forest, son point culminant (et en même temps celui de Bruxelles), ses huit artères en étoile et sa célèbre église de style byzantin. Mais c’est un autre tronçon et déjà une autre histoire…

(1) Cet article puise en partie son inspiration d’une brochure éditée en 2006 par l’échevinat de l’Urbanisme et de l’Environnement, toujours disponible au service environnement de la commune. L’itinéraire n’a pas changé, les descriptions méritent, elles, une sérieuse mise à jour.