Mise au vert

Le 29 avril de l’an dernier, il y a eu cent ans que le domaine (14,5 hectares) était acquis par la commune. La pandémie a empêché les festivités. Ce sera pour cette année. En attendant, voici les événements majeurs qui ont jalonné l’histoire du plus célèbre parc d’Uccle.

1209 : la première

C’est « dès l’extrême début du XIIIe siècle », écrit Henri Crokaert dans son article Le domaine de Wolvendael paru dans Le Folklore brabançon, en décembre 1963, et comme le rapportait en mars 1971, Ucclensia, la revue du Cercle d’histoire d’Uccle, qu’il « est fait mention d’une terre appelée Wolvendael, située près d’un tournant du ruisseau d’Uccle (l’Ukkelbeek), à hauteur du Cornet ». D’où son nom : « vallon » (dael) au « tournant » (wolf ou wolve).

XVIIe siècle : le domaine

Selon Ucclensia, « à cette époque, dut y être aménagée une habitation de plaisance, agréable demeure champêtre ». On ne sait pas à qui le lieu appartenait.

XVIIIe siècle : la valse

Le domaine « appartenait au début du XVIIIe siècle à Jean-François Slijpen. Nous ne savons rien sur ce personnage ». Mais en 1715, il vend le bien à Eugène-Henri Fricx, imprimeur et libraire de la Cour de Bruxelles, qui, apparaît-il, « fit bâtir une villa sur le terrain acquis ». Ses descendants le cèdent en 1733 au vicomte Thomas de Fraula, originaire de Naples et anobli par la cour d’Autriche. Le domaine s’étend sur « 2 1/4 bonniers de jardins et de bosquets, avec un verger d’un demi-bonnier ». Un bonnier équivalait à plus ou moins un hectare. « Il y avait derrière l’habitation et son jardin, un bois de grande futaie, planté en étoile. »


Château Uccle, litho d’après François Stroobant 1850 Ucclensia (c)DR

XIXe siècle : le château

En 1810, Guillaume Vanderborcht, « riche bourgeois de Bruxelles » possédant « à Uccle 13 ha 8 a 10 ca », devient propriétaire. Dans Histoire illustrée de la Forêt de Soignes (éditions La Pensée belge, 1940), Sander Pierron « estime probable » qu’il édifie le château actuel dont Ucclensia rappelle qu’« avec ses 39 fenêtres, c’était la plus grande demeure d’Uccle ». Mais, dans sa publication Monuments, sites et curiosités d’Uccle (2001),le Cercle d’histoire, d’archéologie et de folklore d’Uccle et environs relève que « la date de 1763 figure sous une moulure de la façade »et que « la symétrie du bâtiment, caractéristique de l’architecture classique du XVIIIe s., a été rompue par un agrandissement réalisé vers 1910 ».

Vers 1815 en tout cas, le château devient résidence du duc Charles de Looz-Corswarem. Sa fille, Caroline, s’y marie en 1826 avec l’ex-éphémère président de la République du Pérou (de février à juin 1823), José-Mariano de la Riva-Agüero. Peu après, le domaine devient propriété du comte Jacques-André Coghen, tout premier ministre des Finances de la Belgique. C’est lui qui fait construire, à la place de la première habitation de plaisance une orangerie (pour sa calèche et ses collections horticoles). Vers 1887, le domaine passe à Charles-Georges-Constantin Balser, banquier et financier allemand, puis, fin 1909, au baron Léon Janssen, entre autres directeur de la Société Générale de Belgique et président du comité exécutif de l’exposition universelle de 1910. Il agrandit le château (quitte à lui faire perdre sa symétrie) et le parc « dont la superficie fut portée à plus de 20 hectares. Il est le créateur du domaine tel que nous le connaissons ».

Le cercle d’histoire rappelle que « les façades du château ont été restaurées en 1993 » et que « d’autres édifices répartis dans l’ancien domaine ne manquent pas d’intérêt : la conciergerie du côté de l’avenue De Fré et l’orangerie, voisine, dont les deux corps de bâtiment, de style néoclassique, longent le chemin du Crabbegat. A l’autre bout du parc, la conciergerie du côté du Dieweg se distingue par un cartouche chantourné aux armes du baron Janssen, apposé à sa façade. Ce blason se retrouve aussi sur l’entrée cochère qui sépare aujourd’hui la cour de la Maison des Seniors du jardin des Plantations communales (du côté de l’avenue Paul Stroobant). A noter aussi, dans l’enclos des Plantations communales, un joli bâtiment néoclassique remontant à la première moitié du XIXe s. ainsi que les écuries dont une plaque rappelle l’inauguration en date du 24 avril 1982. Enfin, entre le ravin et le chemin du Crabbegat subsistent les fondations de l’ancienne glacière du château. »

1877 : le mariage

Le 14 juillet, Don Fulco Beniamino Ruffo di Calabria, grand-père de la future reine des Belges Paola, épouse Laura Mosselman du Chenoy, petite-fille du comte Coghen. C’est au château que se donnent la réception et le banquet.

1909 : le pavillon

Le baron Janssen découvre aux Pays-Bas les ruines d’un pavillon du XVIIIe. Il l’achète et le fait réédifier « près du puits d’apparat et du théâtre de verdure ». Dans sa publication Monuments, sites et curiosités d’Uccle (2001),le Cercle d’histoire, d’archéologie et de folklore d’Uccle et environs décrit en ces termes le pavillon Louis XV : « Le monument, de style rocaille, porte sous une moulure le nom de son architecte (F. MAAS) et l’année de sa construction (1744). Il vient d’Amsterdam. C’était un pavillon de jardin élevé pour un marchand d’origine juive portugaise, Aaron Joseph de Pinto. La décoration, exécutée vers 1746, est due à Jan van Logteren, sculpteur, et aux frères Huslij, stucateurs. C’était un des plus beaux, si pas le plus beau, des pavillons de ce type dans la métropole hollandaise. En 1909, le baron Janssen acheta le monument au propriétaire de l’époque, le restaurateur J. Stranders, et le transféra dans son domaine de Wolvendael. Malgré son classement comme monument arrêté en date du 19 avril 1977, il a malheureusement perdu une partie de ses ornements. Loué par la commune d’Uccle à un particulier, il sert aujourd’hui de cadre à un restaurant portant le même nom. »

Le Pavillon Louis XV

1921 : la commune

L’acte d’achat est passé le 21 avril. Le parc devient public – chaque été des représentations et des concerts y sont donnés au théâtre de verdure, le bâtiment appelé « la Bergerie » servant de loge aux comédiens, le modèle inspirant la création, dans les années 2000, des Concerts au parc, en août – et le château « un centre de manifestations artistiques et culturelles », puis le Cercle « Uccle Centre d’Art », des expositions y étant « organisées tous les étés dans les salons » jusqu’à sa transformation en école en 1931 (d’abord l’Athénée communal puis l’Ecole des arts plastiques et visuels). Elles émigrent alors dans l’ancienne orangerie puis au Centre Culturel.

1927 : Charles De Coster

L’écrivain, père de Till Ulenspiegel, fréquentait le cabaret Cornet, à l’angle du Crabbegat et de l’avenue De Fré, tout près de l’orangerie. Presque cinquante ans après sa mort, un bas-relief y est placé, sur le mur extérieur.

1938 : le banc

En pierre blanche, il est installé à côté du château, en hommage au peintre Maurice Guilbert, mort cinq ans plus tôt et cheville ouvrière d’Uccle Centre d’Art.

1953 : Frans Huygelen

Le sculpteur ucclois (1878-1940) avait créé en 1924 une frise pour un élu d’Anvers, représentant une femme réveillée par des anges et intitulée Allégorie du printemps. Treize ans après sa mort, des amis la rachètent et la font poser le 26 septembre 1953sur la pelouse à l’arrière du château. Comme le détaille Ucclensia, « l’imposant ensemble est constitué d’un panneau de pierre bleue portant un relief en marbre de Carrare évoquant en trois mouvements le réveil du printemps ».

1955 : Marlow

Un buste de Georges Marlow (1872-1947), poète et médecin né à Malines mais installé à Uccle et ayant beaucoup œuvré en faveur de la vente du domaine à la commune, est installé en bas du ravin, près de la rue Rouge. Sculpté par Léandre Grandmoulin, il est posé sur un socle de pierre reconstituée. Mais il est détruit par des vandales en 1985.

1961 : les tentes

Jusqu’en 1969, les unités scouts se défient lors d’un concours de rapidité de montage de tentes organisé par Honhon, le magasin de matériel scout situé chaussée d’Alsemberg. Après trois succès d’affilée de la 49eBP, l’épreuve est abandonnée.

1970 : le monument et l’oie

Le buste de Léon Vanderkindere, ancien bourgmestre d’Uccle (de 1899 à 1906) et historien, est installé cette année-là dans le parc, près de l’entrée de l’avenue de Wolvendael qui fait face à la rue Klipveld. Placé sur un socle de pierre bleue, il est sculpté par Sylvie Vanderkindere, fille du mayeur. Le Cercle d’histoire d’Uccle précise que « le buste ornait précédemment le monument érigé autrefois au milieu de la place Léon Vanderkindere ».

La même année, une œuvre en bronze réalisée huit ans plus tôt par Paul Hanrez et représentant une oie caronculée du Japon est placée sur la pelouse à l’avant du château. Mais après une tentative de vol, l’oie – restaurée – est mise à l’abri dans le Centre culturel d’Uccle.

Léon Vanderkindere @Photo LS

1971 : la plaque commémorative

L’année du cinquantenaire de l’acquisition des lieux par le commune, le Cercle d’histoire d’Uccle inaugure, le 24 avril, une plaque commémorative rappelant l’histoire du domaine.

1972 : le classement

Le parc devient site classé le 8 novembre. Le pavillon Louis XV le sera en 1977. Le chemin du Crabbegat, qui longe le parc, en 1989.

1976 : Hergé

Le 29 septembre, inauguration de la statue de Tintin et Milou, commandée par les éditions du Lombard au sculpteur anversois mais résidant à Uccle Nat Neujean, à l’occasion du 30e anniversaire du journal Tintin, et offerte à la commune. Présents à l’événement : la foule, le déluge, la fanfare L’Harmonie de Moulinsart, le ministre de la Culture Henri-François Van Aal, le bourgmestre Jacques Van Offelen, l’humoriste Raymond Devos et Hergé (Ucclois d’adoption) lui-même. En bronze (celle inaugurée était une copie de plâtre), haute d’1m86, coulée à Milanelle est si souvent vandalisée qu’on la place à l’abri dans le hall d’entrée du CCU, où elle trône toujours.


La statue de Tintin par Neujean – Parc Wolvendael 23.09.1976. Van Aaal. Hergé. Van Offelen.

1989 : la jeunesse

 Première édition de la Fête de la jeunesse, début septembre. Depuis, il y a eu trente éditions de cette journée durant laquelle services communaux, associations culturelles et sportives, mouvements de jeunesse, artistes, etc, s’unissent pour proposer au public mille et une activités. Dont des concerts, spectacles, jeux… .

1990 : la tempête

Les 25 et 26 janvier, la tempête Daria traverse le pays, provoquant ce qui reste à ce jour la plus forte rafale essuyée en Belgique (168 km/h enregistrés à Beauvechain). Le parc n’est pas épargné, avec des arbres, des kioskes et des cabanons arrachés. C’est notamment le coup de grâce pour le mini-golf, institution locale depuis des années. Créé dans le bas du parc, du côté de l’entrée par la rue Rouge, il jouxtait la pièce d’eau et allait jusqu’à une élévation artificielle du terrain à proximité de la Bergerie et du théâtre de verdure.

Mini-golf au Parc de Wolvendael

1991 : le platane

L’arbre est planté non loin du château, près de l’entrée du square des Héros, le 21 juillet, à l’occasion du quarantième anniversaire du règne du roi Baudouin.

2007 : le rock

Le Uckelrock est né. Un festival d’un soir (jusqu’au milieu de la nuit), début septembre, au cœur du parc. Il y est remplacé en 2014 par le Uckel’Air, festival électro/hip-hop.


Uckel’Air 2021

2015 : le camping

Une nuit au Wolvendael est lancée. En août, d’un samedi (16 heures) au dimanche (10 heures), ateliers, spectacles, danses, contes et possibilité de dormir sous tente, dans une zone camping éphémère. L’événement devient annuel.

2016 : les mariages

La commune lance le concept des mariages en plein air. Soit au parc de Wolvendael, sans passage par la Maison communale. Depuis, hors pandémie, une dizaine de couples s’y unissent chaque année.

2019 : le marché de Noël

Initié à Woluwe-Saint-Pierre en 2013, le Xmas Festival s’installe au parc, sous chapiteau. Artisans, artistes et producteurs y proposent des cadeaux durables.

2021 : le centenaire

Mais le coronavirus et les mesures sanitaires qui en découlent empêchent qu’on fête officiellement l’anniversaire de l’acquisition du parc par la commune.

UN JOUR, LA FÊTE

Il y a des anniversaires incontournables mais qu’on finit par contourner. C’est le cas du centenaire de l’acquisition du parc par la commune. Toutes les volontés communales de fêter l’événement, l’année dernière, ont été éteintes par les mesures liées à la pandémie.

Cette année, c’est le déménagement de tous les services de l’administration qui ont empêché la célébration en avril.

Des festivités seront, peut-être, finalement, organisées à un moment de l’année ou à un autre. En tout cas, le service Culture a émis des anciennes cartes postales du parc, en sépia ou en noir et blanc.
Elles sont gratuites.

Infos : 02/605 15 30 ou culture@cjacquetuccle-brussels