Partenariat Local de Prévention
C’est le premier quartier d’Uccle à se doter d’un PLP. Pour lutter contre l’insécurité, avérée ou ressentie. Et pour renforcer la cohésion sociale. Voici comment le projet a vu le jour.
Laurent Masset, le porte-parole de la zone de police Uccle/Auderghem/Watermael-Boitsfort, résume bien : « Pour qu’un PLP voie le jour, il faut un moteur parmi les habitants. » Un PLP ? Un Partenariat Local de Prévention. Soit « un accord de collaboration structuré entre les citoyens, la police et les autorités administratives, qui a pour objectif l’échange d’informations selon un plan de communication établi au préalable », indique la circulaire ministérielle fédérale de 2019 qui régit les PLP. Comme celui créé le 16 novembre dernier au Bosveldweg.
Le « moteur parmi les habitants », c’est Marion Van Offelen. Membre du Comité de quartier et conseillère de police, c’est elle qui a porté le projet. À l’automne 2019, « il y a eu une reprise des cambriolages à Uccle, comme toujours en fin d’année, mais c’était après une baisse de 30 % de la criminalité dans la commune. Il y avait aussi augmentation des vols par ruse, chez les personnes âgées ». Alors, le moteur s’est mis à tourner : « J’ai proposé au Conseil d’administration du Comité un PLP, sachant que la commune en étudiait la possibilité. On a demandé officiellement qu’elle soit examinée pour le Bosveldweg. On a eu une réunion avec le bourgmestre, le chef de corps, les services de Prévention et plusieurs résidents du quartier. La réponse a été enthousiaste. » L’été dernier, « on a élargi notre consultation du quartier, en faisant du porte à porte, et on a senti l’intérêt grandissant. On a relancé la commune, pour une réunion d’information pour tout qui serait susceptible d’y adhérer. Nous y étions une bonne soixantaine ». Et le 16 novembre, c’était fait.
Pas d’appels à la délation
Concrètement, l’échange d’informations s’effectue des membres du PLP vers les services de police locale et réciproquement. Quelles informations ? « Les faits suspects remarqués dans le quartier », stipule besafe.be/, le site de la Direction générale Sécurité & Prévention du Service public fédéral Intérieur. Ce qui, insiste Anne del Marmol, la présidente du Comité de quartier du Bosveldweg, ne consiste pas en « des appels à la délation. Si un problème de sécurité se posait bien, on voit aussi ce PLP comme facteur de rapprochement des gens, de création d’une communauté ». Une façon supplémentaire « d’échanger entre voisins, de se connaître, de faire plus attention les uns aux autres, de faire preuve de solidarité, enchaîne Marion Van Offelen. Les liens, c’est la base des PLP et les PLP renforcent encore ces liens. »
François Lambert-Limbosch, échevin à la Prévention, ne dit pas autre chose : « Le PLP permet d’associer davantage le citoyen à une gestion plus active de la sécurité dans son quartier et du lien entre voisins, dans une logique qui n’est pas celle d’une milice privée. Sa réglementation n’inclut pas l’intervention des services de Prévention, mais nous exposons aux réunions de présentation ce qu’on fait en matière de cambriolages : la prime à l’installation de mesures de protection des habitations, accessible à tout le monde, ou la possibilité de visite d’un conseiller, qui relève les failles, comme les soupiraux notamment. »
Prévention et cohésion sociale
Les règles sont claires. « Etablir le périmètre sur lequel opère le PLP, relate Marion Van Offelen. Signer un formulaire d’adhésion et un règlement d’ordre intérieur. Les coordinateurs rassemblent les messages des riverains dans un groupe WhatsApp, les messages qui ne demandent pas une action urgente et directe, puis les font remonter au référent de la police, qui assure un suivi puis en informe les coordinateurs qui eux-mêmes informent les riverains : est-ce qu’une patrouille a été sur place, est-ce qu’en effet il y avait un cambrioleur, etc. Réunions d’évaluations régulières avec la police et la commune. » Préalable : « Une mobilisation forte de citoyens, parce que ce sont eux qui doivent demander un PLP. » Ce qui ne signifie pas forcément « un nombre important de citoyens, précise Anne del Marmol, mais une motivation profonde. Il faut des personnes convaincues de l’utilité de la démarche, sachant que le PLP n’est qu’un des aspects de la dimension de vie de quartier. »
Un projet était aussi prévu au Homborch, où une présentation a eu lieu au printemps 2020, mais la pandémie l’a gelé. « Maintenant, considère François Lambert, il y a tout un autre travail de prévention et de cohésion sociale, que font notamment les gardiens de la paix, les éducateurs de rue. C’est aussi la participation citoyenne : travailler ensemble sur des projets, ça permet de faire baisser ce sentiment d’isolement qui est souvent lié au sentiment d’insécurité. De faire tomber les barrières. D’améliorer la qualité de vie globale dans la commune, en somme. »