ROMAN
On part de Messancy pour Bruxelles, via le Kivu, le Hainaut et Louvain, avec crochets par Montauban et Bordeaux. On démarre années 1950 pour jusqu’à pas si loin d’aujourd’hui. Il y a La Petite, qui va devenir Alexandra. Et l’austère tante Yaya. Le bon bon-papa Henri. Et l’accident d’avion de Catherine et Albert. Et Louise, la fille-mère au martinet féroce, et son petit Victor, et un prêtre prédateur, et un oncle tripoteur. Et Elvis et les Stabat mater. Et « la mort qui rend fou », mais la vie n’est pas en reste. Il n’y pas de ponctuation, sauf quand l’un des personnages n’a plus à subir. Déstabilisant, un moment, et puis le rythme et la musicalité des mots, des phrases et du récit, vous emmène. Sorti mi-mars, le premier roman, inouï, de la comédienne et metteuse en scène uccloise Catherine Demaiffe, qui sera à la Licorne le 22 avril de 16 à 18h, scande la destinée et la prédestination de deux orphelins, « mis à l’index toute leur enfance », ce qui « devait inéluctablement sceller entre eux une intimité singulière ». Une histoire, celle des siens, pleine d’abymes, mais aussi de forces. Avec le Mal qui n’exclut pas le don, et vice versa. Avec des nuits chacales, mais le jour finit toujours par se lever et semer, à la volée, grands et petits miracles. Avec « les trésors de l’intériorité et la puissance de l’amour », qui sont « peut-être une réponse à apporter à l’impasse existentielle dans laquelle s’épuise notre société ». Avec des mines enfouies, partout. Mais donc, entre, le sublime qui slalome.
Jusqu’au lever du jour, Catherine Demaiffe, éditions F deville