Le grand départ, c’est le 4 mars. Le retour, normalement à Noël. Elle s’ébrouera à vélo, avec son frère, Alexis, qui l’accompagnera quatre mois, et Molly, la peluche « rencontrée dans un magasin de seconde main », qui ne la quitte plus. Elle aura traversé vingt-trois pays, en ayant démarré du quartier Cavell (rue Marie Depage), deux semaines avant ses 27 ans, pour arriver au Laos, à 9 000 km à vol d’oiseau. « Une aventure à vélo pour rendre cool et accessible la réduction des déchets et du gaspillage. » Son raid est donc baptisé « cycling zero waste ».
Elle, c’est Louise. Louise Réquillart. Arrivée à Uccle il y a dix ans, depuis la région parisienne. Elle y a fini ses secondaires, au Lycée français. Puis fait ingénieur agronome à l’UCL. Puis bossé dans une start-up à Gembloux, sur la dépollution des sols. Dont elle a démissionné parce qu’elle ne s’y sentait, en somme, guère utile.
70 km/jours avec 30 kilos max
Pour son odyssée, peu de préparation physique spécifique :
« J’ai déjà fait des trips à vélo, de la rando, et je roule tous les jours. Ce sera plus de l’endurance que du sprint, de toute façon. Avec un autre vélo, de cyclotourisme, trouvé sur leboncoin.fr. Quelqu’un qui l’a utilisé pour un tour de 5 000 km en Europe. » Le souhait,
en termes d’allure, « c’est 70 kilomètres par jour, cinq jours par semaine. Dans les Alpes et les pays “en stan” (Turkménistan, Kirghizistan, etc), extrêmement montagneux, j’imagine plutôt 35-40 kilomètres quotidiens. Et rouler plus que cinq jours semaine. »
Pour dormir, trois plans : « J’aimerais un tiers, un tiers, un tiers. D’abord le bivouac, en pleine nature, en pleine autonomie. Ensuite, les systèmes d’hébergement chez les particuliers, via notamment le site Warmshowers, très connu des cyclo-randonneurs : l’avantage comme son nom l’indique, c’est qu’ils proposent aussi une douche. Enfin, auberges de jeunesse ou hostels. Si tout se passe bien, je devrais savoir chaque fois deux jours avant dans quelle ville ou quel village je vais faire escale, et booker quand c’est indispensable. » Avec un matos, vélo compris, de 30 kilos max. « Sauf qu’avec la nourriture, pour trois-quatre jours et les bivouacs en zone désertique, et l’eau, qui fait vite quatre-cinq litres, ça va dépasser… »
Budget total : 8 450 euros. Financé « par mon année de travail dans la start-up ». Et les parents ? « Rassurés qu’Alexis m’accompagne, une partie du voyage. Je leur ai promis que je n’entrerai pas en Iran, en fonction de la situation dans six-sept mois. On verra pour la Chine, avec le covid. Et la Russie, d’où je devrais rentrer en Transibérien. J’ai des itinéraires B. »
Engagement et défis
Pourquoi un tel projet ? « Je l’avais à la fin de mes études de bio ingénieur. Mais le Covid est arrivé. En fait, j’ai effectué un service civique, en France, en 2019-2020, dans une association de la transition écologique. Puis travaillé dix mois dans le bureau d’études : l’équipe est incroyable et le travail intéressant mais on était loin du public, enfermé dans un bureau. Or je donne beaucoup de mon temps à des assos, où j’anime des ateliers, sur la fresque climat, les low-tech, la fresque des déchets. J’aime beaucoup la rencontre, la diversité, les gens qui viennent de partout. Et je n’avais jamais tenté l’aventure, la découverte culturelle, le défi personnel.
En 2018, j’avais fait un projet, au Cambodge, et j’avais adoré. Tous les cyclotouristes rencontrés là-bas m’avaient dit que le Laos, c’était encore mieux. Je voulais un trip vélo, sans que ce soit trop compliqué niveau sécurité et climat. Donc direction l’Asie. Et le Laos. »
La sensibilisation écologique ? « J’ai besoin de me sentir utile et de faire des choses qui ont du sens. Sensibiliser, apporter un peu d’inspiration, donner envie de se bouger. Au boulot, je faisais des rapports, que n’importe qui aurait pu faire. J’avais besoin de “plus”, et ça passe aussi par un engagement citoyen. » Pas prioritairement orienté vers les populations que Louise va croiser et côtoyer. « Les problématiques ne sont pas les mêmes en fonction des pays. Mais juste en parler, c’est une petite graine dans la tête des gens. Outre que c’est inspirer ceux qui vont suivre l’aventure, qui sera mise à jour sur les réseaux sociaux, avec des contenus sur une autre façon de consommer ».
Petits signes, grands effets
Tout le trajet, il y aura donc « des rencontres avec des écoles, via l’Alliance française ou les lycées français. Des lycées privilégiés, mais ça évite la question de la langue et des traducteurs. On y fera des interventions et on proposera des actions de ramassage dans
les rues. » Comme Alexis et Louise feront sur la route : « On y consacrera 20 à 30 minutes par jour et on comptabilisera, avec une balance manuelle, la quantité ramassée sur tout le parcours. Montrer des photos et puis le total, je pense que ça parlera beaucoup. » Des kilos en plus, ça… « Oui, mais on les regroupera dans un seul lieu : centre d’incinération, déchetterie, trou, là où il y en a. Ça a plus de sens que les laisser dans la nature. »
Une fois rentrée, Louise projette « de proposer des actions de ramassage, des interventions dans les écoles, un retour de l’expérience ». De « pousser les gens à réaliser leurs rêves, aussi ». Avant de « probablement ne pas retourner dans un bureau d’études classique. Plutôt de réaliser des choses au niveau local, en Belgique. L’entrepreneuriat, ça me plaît bien, donc si je trouve un projet qui me parle au niveau environnemental… »
Pour suivre l’odyssée de Louise, Alexis et Molly : www.facebook.com/cycling0waste
et www.instagram.com/cycling0waste
Son Uccle
Pour le sport :
« J’apprécie particulièrement le parc Brugmann pour aller courir et faire le parcours de santé avec, en contrebas, proches de la piscine, des agrès de fitness pour garder la forme dans un beau cadre. J’apprécie aussi beaucoup le parc Montjoie, où je joue au tennis. »
Pour les commerces :
« La rue Vanderkindere et tous ses commerces locaux. Coup de cœur pour Rhino et les Tartes de Françoise. »
Pour la culture :
« Le CCU, qui propose un super programme. Et la bibliothèque Le Phare, à laquelle je me rendais hebdomadairement la première année de mon arrivée à Uccle. »